Les femmes entrepreneurs ont-elles une façon spécifique de gérer leurs affaires ? Peut-on leur attribuer des qualités particulières, complémentaires ou antinomiques à celles de leurs homologues masculins ou sont-elles des chefs d’entreprise comme les autres ? Pour esquisser une réponse à ces questions, le groupement France Défi a interrogé un échantillon représentatif de ses 130 cabinets membres en décembre 2014. « Le sujet des femmes dans le milieu entrepreneurial était pas mal discuté autour de nous et on a eu envie de creuser », explique Elisabeth Jaquin, secrétaire générale de France Défi.
Pas de différence de performance entre les hommes et les femmes
Premier enseignement : pour les experts-comptables il n’existe pas de différence de performance entre les femmes et les hommes entrepreneurs. « Beaucoup des cabinets interrogés ont été plutôt surpris par notre étude parce qu’ils ne font pas de différence entre les deux, ce qui est plutôt rassurant », souligne la secrétaire générale. Ainsi pour les professionnels sondés, le taux de croissance et la rentabilité des affaires dirigées par des femmes ne sont ni meilleurs ni moins bons que ceux des structures menées par des hommes.
En revanche, l’étude confirme la faible présence des femmes à la tête des entreprises les plus grandes. 83 % des femmes entrepreneurs accompagnées par un cabinet membre de France Défi dirigent ainsi des structures de moins de 10 personnes. « La gouvernance des grandes entreprises est moins ouvertes aux femmes, on le sait. Mais il faut aussi noter que nos cabinets travaillent plutôt avec des TPE et des PME moyennes », tempère Elisabeth Jaquin.
Et pour ce qui est de la nature de l’activité des entrepreneurs femmes clientes des membres du groupement de France Défi, celles-ci opèrent dans des secteurs variés, même si elles sont 24 % à exercer dans le commerce, 16 % dans les services à la personne et 14 % dans le monde médical.
Quelques tendances au social et à l’organisation
Si les performances de leurs structures sont jugées semblables à celles des autres, les femmes chefs d’entreprise se voient tout de même reconnaître certaines qualités spécifiques par les cabinets membres de France Défi. Ainsi, ils sont 54 % à juger leur gestion, notamment dans les dimensions humaine et organisationnelle, sensiblement plus performante que celles des hommes. 63 % d’entre eux considèrent que leur manière de travailler est différente. Elles font ainsi preuve de plus de rigueur selon 94 % des répondants, de prudence et de pragmatisme pour 80 % d’entre eux. 73 % des cabinets interrogés leur reconnaissent une certaine réactivité, 68 % de l’innovation et 66 % de l’intuition.
« Une femme dans le milieu entrepreneurial doit toujours démontrer qu’elle est à la hauteur, faire ses preuves. Cela fait de celles qui se lancent des combattantes. Elles sont déterminées et osent peut-être plus de choses. C’est selon moi ce qui transparaît de l’étude », analyse Elisabeth Jaquin. Pour cette dernière, ces qualités, si elles ne semblent pas jouer sur la performance des sociétés, pourraient se manifester autrement. « Elles ne se traduisent pas en monnaie sonnante et trébuchante mais peut-être que cela influe sur la pérennité des entreprises, un paramètre qui n’a pas été analysé dans l’étude. »
Malgré ces particularités, les experts-comptables, dans leur grande majorité, n’estiment pas que le fait d’avoir affaire à des femmes entrepreneurs nécessite un changement d’interlocuteur. Ainsi pour 86 % d’entre eux, qu’elles soient accompagnées par un homme ou par une femme importe peu. « Ils s’attardent plutôt sur l’efficacité de la relation, et le professionnel le plus à même de travailler avec ces chefs d’entreprise en fonction de la nature du projet, ou de son secteur par exemple », conclut Elisabeth Jaquin.