Près d’un dirigeant sur cinq de TPE-PME était déjà exposé à un risque de burn-out avant la crise sanitaire. Avec le Covid, ils sont plus encore à être fragilisés ou angoissés. Le moment est venu de s’intéresser aux risques psychosociaux du chef d’entreprise. Pour maintenant ou plus tard…
Longtemps tabou, le sujet touche aussi les dirigeants, notamment de petites et moyennes entreprises. Selon l’Observatoire Amarok, une association s’intéressant à la santé des travailleurs non-salariés , 17,5 % des dirigeants de TPE-PME étaient déjà concernés par un risque de burn-out avant la crise de la COVID-19, soit environ 560 000 dirigeants.
Et évidemment, la crise sanitaire n’aura rien arrangé. « On voit déjà émerger beaucoup plus de troubles anxieux, confirme le psychologue clinicien Jean-Luc Douillard, responsable développement aux Thermes de Saujon qui accueillent des dirigeants en détresse. Il y a déjà les angoisses de ceux qui ont été directement touchés par la crise économique. D’autres ont développé des troubles dépressifs rien qu’en imaginant ce qu’ils auraient pu traverser ou ce qui pourrait encore arriver en cas de nouvelle vague. Sans parler d’autres angoisses personnelles liées à sa santé et celle de ses proches dans un contexte de crise sanitaire. C’est une charge mentale permanente. »
Risques psychosociaux du chef d’entreprise, surveiller les symptômes
Pour un dirigeant comme pour ses salariés, le premier réflexe doit être d’identifier les symptômes et autres signaux d’alerte. « Certains sont singuliers, mais globalement, on retrouve quelques points communs, poursuit notre spécialiste. Comme il s’agit de profils très performatifs, il y a déjà un sur-investissement dans le monde du travail. Mais l’angoisse peut causer aussi des troubles du sommeil, du comportement alimentaire, de l’humeur. Certains vont prendre plus de temps pour certaines décisions.D’une manière générale, tout comportement inhabituel par rapport à d’habitude est un signal. »
Seulement encore faut-il le voir et savoir s’écouter. « Ce n’est pas forcément dans l’habitude des dirigeants. Il doit aussi parvenir à se dire que la vulnérabilité n’est pas une faiblesse et arrêter de voir le chef d’entreprise comme un être tout-puissant qui doit tout contrôler et tout gérer. » Autrement dit : il doit faire preuve d’humilité, d’écoute et d’ouverture d’esprit sur certains sujets.
Prévenir et guérir
Mais un dirigeant doit aussi savoir vers qui se tourner. « Il n’y a pas de service de santé au travail pour le chef d’entreprise », déplore Jean-Luc Douillard, également co-fondateur de l’APESA, l’association d’Aide Psychologique aux Entrepreneurs en Souffrance Aiguë. Cette structure permet à tout chef d’entreprise qui en éprouve le besoin de bénéficier d’une prise en charge psychologique, rapide, gratuite, confidentielle et à proximité de son domicile, par des psychologues spécialisés dans l’écoute et la prise en charge du risque suicidaire.
« Nous fonctionnons grâce à un réseau de sentinelles, c’est-à-dire de juges, mandataires, administrateurs, greffiers, experts comptables, avocats, qui côtoie ce public et peut détecter à temps une grande souffrance. » Concrètement, il existe même un numéro vert, le 08 05 65 50 50.
Un dirigeant peut ainsi parler à un de nos psychologues d’astreinte 7 jours sur 7, et de 7h à 20h
Cependant, notre spécialiste recommande de se rapprocher de sa structure ou de sa Chambre de Commerce pour se former davantage en amont et toujours mieux identifier les risques chez soi ou ses collaborateurs. « C’est un investissement nécessaire et payant. Car en définitive, la santé d’un dirigeant, surtout dans les plus petites structures, est le capital le plus important. »