En termes de santé mentale, dialoguer avec ses pairs, qu’il s’agisse de cofondateurs ou de membres d’un réseau professionnel, constitue aussi un levier clé pour rompre la solitude de l’entrepreneur.
Un peu plus d’un quart des dirigeants des petites et moyennes entreprises ressentent la solitude de l’entrepreneur comme un défi, rapporte la dernière étude de Square et Ipsos sur la charge mentale des chefs d’entreprise. Ce sentiment d’isolement prend racine dans « l’incertitude et la complexité de l’environnement, la peur de l’échec, le poids des responsabilités, les préjugés à l’égard des chefs d’entreprise et la difficulté à concilier vie personnelle et vie professionnelle », listent les chercheurs Walid A. Nakara et Farba Ndour dans un article publié sur The Conversation. Mais l’isolement du dirigeant n’est pas une fatalité. Une première approche pour lutter contre consiste à réduire « la solitude objective par la solidarité entrepreneuriale », par exemple en ayant recours aux réseaux professionnels, indiquent les deux chercheurs.
Valeurs et problématiques communes
De fait, se rapprocher de ses pairs peut être une grande aide pour échanger sur des problématiques communes, partager des expériences ou encore bénéficier de conseils d’autres dirigeants ayant traversé les mêmes situations. « Le compagnonnage en groupe de pairs est un moyen puissant pour rompre la solitude du dirigeant, déposer ses vulnérabilités dans un espace de protection, retrouver alignement entre ses actes et ses valeurs », fait ainsi valoir le réseau EVH dans un post récent sur Linkedin.
Comme ce réseau, il existe de nombreuses communautés proposant de se retrouver entre pairs. Certaines se focalisent sur des moments spécifiques de l’entrepreneuriat, comme le Réseau entreprendre, qui se concentre sur la création d’entreprise ; d’autres se construisent autour de valeurs communes comme EVH ou le réseau Croissance plus.
Cultiver le dialogue avec ses associés
Dans les entreprises comptant deux ou plusieurs associés, le sentiment de solitude est moindre, mais le défi est alors de cultiver le dialogue pour prévenir tensions et conflits. Ce dialogue entre pairs est essentiel car de lui dépend la pérennité de l’entreprise. « Les conflits entre associés, bien qu’invisibles de l’extérieur, sont à la fois courants et critiques. Ces tensions, lorsqu’elles ne sont pas désamorcées, peuvent faire vaciller l’entreprise tout entière », souligne ainsi Agathe Wautier, cofondatrice du collectif d’entrepreneurs de la tech The Galion project, dans l’introduction d’un guide consacré aux relations entre associés fondateurs. « Une association solide, construite sur le dialogue et la confiance, peut surmonter les crises et en ressortir plus forte », ajoute-t-elle. Outre le dialogue, ce guide recommande d’établir un pacte d’associés pour clarifier les droits, obligations et règles de fonctionnement de la collaboration.
Partage et authenticité
Enfin, rompre l’isolement repose « sur une volonté personnelle, passant par le fait d’accepter de partager le pouvoir, de savoir s’entourer, notamment à travers la mise en place d’organes de gouvernance, de développer un management plus collaboratif », comme le souligne l’étude de Bpifrance Vaincre les solitudes du dirigeant. La consultante Noémie Guerrin, fondatrice du cabinet Santé du dirigeant, insiste quant à elle sur l’importance de l’authenticité du chef d’entreprise. « Lorsque les dirigeants partagent ouvertement leurs expériences, leurs défis et même leurs vulnérabilités, cela crée une culture d’ouverture et de confiance. Cela permet au groupe de se sentir plus connecté et engagé avec son leader, et c’est l’un des plus puissants vecteurs de communication et de collaboration », assure-t-elle.