Fin 2014, la Chaudronnerie Castel fait face à de sérieux problèmes de trésorerie. « Au point que j’en étais venu à envisager un placement en redressement judiciaire, raconte Guy Castel, dirigeant de cette petite entreprise de Lunel (Hérault), spécialisée dans les équipements de caves vinicoles. Je me suis rapproché de la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) et du Centre d’Information sur la Prévention (CIP) des difficultés des entreprises. J’ai pu bénéficier de conseils qui m’ont permis de redresser rapidement la barre. Mais j’ai traversé une période difficile, avec beaucoup de stress, des insomnies, et un état de tension permanent que j’ai fait subir à mon entourage ». Une situation loin d’être unique lorsqu’une entreprise fait face à des carnets de commandes désespérément vides. « Certains baissent les bras, perdent confiance, sombrent dans la dépression, voire cultivent des idées suicidaires », remarque Guy Castel. Un impact psychologique qui, ces dernières années a fait l’objet d’une prise de conscience et est désormais mieux pris en compte grâce à un accompagnement. Par exemple, dans certains tribunaux de commerce, à la suite de celui de Saintes (Charente-Maritime), un dispositif: l’Aide psychologique pour les entrepreneurs en souffrance psychologique aiguë (APSEA) a été mis en place pour prévenir le risque suicidaire chez les chefs d’entreprise engagés dans une procédure judiciaire.
Accompagnement psychologique: détecter les situations critiques
Le Centre d’Information sur la Prévention (CIP) des difficultés des entreprises a décidé de faire de même, en déployant d’ici début 2016 un dispositif d’accompagnement psychologique dans sa soixantaine de permanences départementales. « Nous proposons des conseils en matière comptable, financière et juridique afin d’aider les dirigeants à améliorer la situation de leur entreprise. Mais, il est nécessaire d’aller au-delà d’un accompagnement technique lorsque ces difficultés économiques conduisent au désespoir », explique William Nahum, président du CIP national. D’autant que cette désespérance a souvent pour effet de brouiller les repères et diminue la capacité à prendre les bonnes décisions. Première étape ? La formation des experts comptables, commissaires aux comptes, avocats et anciens juges des tribunaux de commerce qui dispensent bénévolement leurs conseils au sein des CIP à la détection des situations les plus critiques. « Par ailleurs, nous sommes en train de constituer un réseau de psychologues libéraux susceptibles d’intervenir rapidement lorsque la situation l’impose », complète William Nahum. Encore en quête de financements auprès des mutuelles et des collectivités territoriales, le CIP prévoit de prendre en charge cinq rendez-vous avec ces psychologues. « Le temps nécessaire pour gérer un moment de crise et de désespérance », explique William Nahum. Il n’exclut d’ailleurs pas une prise en charge plus longue pour les cas les plus graves.
EN SAVOIR PLUS
A lire :
- « La santé du dirigeant : de la souffrance du dirigeant à l’entrepreneuriat salutaire », sous la direction d’Olivier Torrès, de Boeck, 2012. 224 pages, 22 €.
A consulter :
- Des informations sur l’accompagnement proposé aux chefs d’entreprises en difficulté sur le site du Centre d’Information sur la Prévention (CIP) des difficultés des entreprises :
- Le site de l’Observatoire de la santé des dirigeants de PME, commerçants et artisans :