Selon une étude du cabinet spécialisé en évaluation et prévention des risques psychosociaux Technologia parue en mai 2014, près de 3,2 millions d’actifs ayant un emploi seraient en situation de travail excessif et compulsif, présentant un risque élevé de développer un syndrome d’épuisement professionnel. Autrement dit, 12,6 % de la population active serait susceptible d’être victime d’un burn-out.
Les salariés français particulièrement touchés par le burn-out
« La conjoncture difficile, avec son lot de restructurations, de sous-effectifs et d’objectifs inatteignables, n’explique pas tout. Elle se conjugue avec le fait que les salariés français sont particulièrement investis dans leur travail et ont des rapports professionnels plus émotionnels que dans les pays du Nord, par exemple, où le rapport au travail est plus rationnel et plus détaché », remarque Sabine Bataille, sociologue et auteur de Se reconstruire après un burn-out (InterEditions, 2015). Un syndrome qui se propage, mais qui reste difficile à repérer. « Le risque est particulièrement élevé chez les salariés exigeants avec eux-mêmes, qui taisent leurs difficultés et ne se plaignent jamais », constate Sabine Bataille. Certains signes doivent pourtant alerter, surtout s’ils se cumulent.
Des profils à risque élevé
Motivés par leur travail, reconnus par la hiérarchie comme des professionnels particulièrement compétents, perfectionnistes, souvent ambitieux… Tel est le portrait-robot du salarié le plus exposé aux risques du burn-out. « La menace est encore plus grande lorsqu’ils travaillent sur des projets matriciels et transverses, et qu’il effectuent de nombreux déplacements professionnels », complète Sabine Bataille.
Un surinvestissement dans le travail
Des journées à rallonge, une pause déjeuner régulièrement raccourcie voire oubliée, l’absence de frontière entre vie professionnelle et vie personnelle… Des signes d’une grande implication ? « Le surengagement, la boulimie de travail, surtout s’ils deviennent permanents, constituent souvent des signes avant-coureurs du burn-out », assure Sabine Bataille. Une hyperactivité qui finit par générer de l’épuisement, début d’un cercle infernal. « Même si l’intéressé ne veut pas le reconnaître, il se fatigue. Plus il s’épuise, moins il est efficace et plus il doit travailler pour compenser. A court terme, la pression est stimulante. Si elle est continue, elle devient destructrice », prévient Catherine Vasey, psychologue et auteur de Burn-out : le détecter et le prévenir (Jouvence, 2012).
Un changement de comportement
Un professionnel habituellement ouvert aux échanges qui, d’un coup, fuit systématiquement les discussions entre collègues, un cadre adepte du management participatif qui se transforme en petit dictateur… « Là encore, attention ! La rupture de comportement est un autre signe annonciateur. Souvent, les intéressés eux-mêmes ont l’impression de ne plus se reconnaître », assure Catherine Vasey.
Une irritabilité soudaine
De tous les changements de comportement, l’irritabilité est sans doute le symptôme le plus courant. « La fatigue entraîne de l’irritabilité, de la susceptibilité et des réactions au quart de tour », remarque Catherine Vasey. Elle présente en plus un « avantage » pour les professionnels au bord de l’épuisement. « Les crises de colère donnent de l’énergie », remarque Sabine Bataille.
Le repli sur soi
Une fatigue permanente et le sentiment de perdre ses repères et de ne plus maîtriser son environnement conduisent beaucoup de salariés au bout du rouleau à opter pour la voie du repli sur soi. Un isolement progressif dans une « bulle » qui peut sembler protectrice, mais qui masque en fait une fragilité grandissante. Et qui finit par éclater.