Lancé en France depuis dix ans, le codéveloppement est une méthode de formation innovante qui séduit de plus en plus de salariés. Son but : apprendre à grandir ensemble, entre pairs.
Dans une autre vie professionnelle, Anne Hoffner a vécu au Canada. « J’y ai passé six ans et je me suis beaucoup intéressée à leurs méthodes de travail beaucoup plus collaboratives que les nôtres », se souvient cette ancienne chef de projet. Une idée qui va faire son chemin : Anne Hoffner s’intéresse notamment aux travaux d’Adrien Payette, fondateur avec Claude Champagne, d’une méthode de codéveloppement professionnel et managérial. « J’ai découvert un dispositif de formation innovant parce qu’il se fait entre pairs qui vont échanger pendant une période déterminée, s’intéresser à des sujets les concernant et se développer ensemble. » En 2004, quand Adrien Payette se prépare à prendre sa retraite, Anne Hoffner et son associé, Dominique Delaunay, passent six ans à ses côtés pour adapter sa méthode au public français et fondent l’Afcodev (Association française du codéveloppement).
Un outil pour améliorer sa posture managériale
Fraichement formée à cette nouvelle forme d’intelligence collective, Nathalie Duponchelle, consultante à l’Edaj, un cabinet spécialisé en formation et conseil dans le domaine sanitaire et social, décrit « un outil extraordinaire pour dénouer des situations, valoriser des compétences, améliorer sa posture managériale ». Mais ici, pas de formateur dépositaire d’un savoir qu’il délivre de façon strictement verticale. « Un groupe de codéveloppement est composé au maximum de cinq à huit personnes qui ont envie d’apprendre de leurs expériences respectives, explique cette dernière. Il est important qu’elles n’aient aucun lien hiérarchique pour échanger librement et avec bienveillance. Elles vont se rencontrer au moins cinq fois dans l’année, à intervalles réguliers, environ tous les mois. »
Des problématiques précises
Chaque séance permet d’aborder une problématique précise avec une répartition en trois rôles. « A chaque rencontre, un participant, différent à chaque fois, endosse le rôle de « client ». Il arrive avec un projet, une préoccupation ou un problème. Les autres participants deviennent des « consultants » qui lui apportent leur expérience, leur regard ou des pistes d’action. Enfin un « animateur », formé au codéveloppement, va jouer un rôle de facilitateur, aider ce savoir collectif à émerger en plusieurs étapes et rappeler, régulièrement, des règles de déontologie et de bienveillance strictes à observer. »
Le codéveloppement: trouver des solutions ensemble
En effet, ne se lance pas dans le codéveloppement qui veut. « Il faut absolument être accompagné d’un facilitateur certifié pour ne pas faire de dégâts », insiste Anne Hoffner qui intervient régulièrement en entreprise. En revanche, pas besoin non plus d’être un coach professionnel. « Des manageurs peuvent déjà suivre des formations et animer des séances dans leur entreprise par exemple après un cursus de cinq jours. » De grands groupes comme La Poste, Air France ou Décathlon, entre beaucoup d’autres, ont été séduits. « La force du codéveloppement, c’est que ce sont de vrais gens qui parlent de vraies choses, résume Nathalie Duponchelle. On trouve des solutions ensemble mais on apprend aussi à écouter les autres, à poser des questions et à prendre du recul. »