Avoir des compétences, c’est bien. Mais avec une certaine autorité naturelle, c’est mieux. Si l’autorité peut être innée, le charisme peut aussi se travailler, à tout âge.
Si le charisme tient, pour une part « aux origines sociales, à l’éducation ou encore à la taille et la corpulence d’un individu, il reste une très grande part d’acquis à la portée de quiconque », assure Jean-Louis Muller, expert en management stratégique et auteur de plusieurs ouvrages. Selon lui, il convient déjà de suivre cinq règles élémentaires.
Ne pas confondre autorité naturelle et autoritarisme
Première mise en garde : « l’autorité ne se décrète pas ». L’autorité naturelle repose sur certains piliers tels que le statut d’une personne, ses compétences ou sa capacité à faire partager une vision. « Cependant, si l’on se sent un peu fragile ou illégitime sur ces points, il peut être tentant de verser dans l’autoritarisme. » Si un manager peine à fédérer ses collaborateurs derrière lui, user d’un ton comminatoire et imposer son point de vue ne servira à rien. « L’autorité se construit dans la durée. L’autoritarisme, au contraire, est contre-productif. C’est même, souvent, un aveu de faiblesse. »
Prendre de la hauteur
Pour Jean-Louis Muller, l’autorité naturelle suppose aussi un certain détachement par rapport à la vie de bureau. Autrement dit : ne cherchez pas à être ami avec tout le monde ni forcément à vous faire aimer. « Si vous voulez exercer votre autorité naturelle à un poste de chef, il faut savoir prendre un peu de hauteur par rapport à certains désagréments, indique-t-il. Il faut accepter d’être l’objet de critiques. En même temps, un vrai chef ne doit pas se sentir blessé : il doit se rappeler que ce n’est pas sa personne qui est visée mais la fonction. »
Savoir où on veut aller
Pour exercer son autorité naturelle, un manager doit emmener ses équipes vers un but précis. « Avoir de l’autorité, c’est vendre du futur », insiste Jean-Louis Muller. Dès lors, le manager doit faire preuve de cohérence. Ce capitaine doit tenir la barre. Il doit à la fois savoir ce qu’il veut et l’énoncer clairement à ses équipes. Pas question non plus de s’excuser d’être là, car il n’y a rien de pire pour faire tanguer le navire. « Rien de tel que l’incertitude pour susciter le rejet. Par exemple, si quelque chose ne se fait pas, ne dites pas juste que vous n’avez pas réussi. Il faut immédiatement avoir une vraie alternative à proposer. »
Occuper l’espace
Face à des collaborateurs, lors d’une réunion notamment, d’autres astuces permettent d’augmenter sa présence et sa force de persuasion. « On peut d’abord utiliser la technique de la lenteur, explique cet expert. On charme davantage en parlant lentement, en pesant ses mots et en travaillant la musicalité de sa voix. » Mais il faudra aussi occuper, physiquement, l’espace. « Dès que vous le pouvez, arrivez en avance pour reconnaître les lieux et parcourez-les. En prenant possession de l’espace, vous laissez moins de place aux idées négatives de vos interlocuteurs. »
S’imposer aussi… à l’écran
Avec le développement du télétravail, quelques combines s’imposent aussi en ligne. « La lenteur reste un super vecteur de pouvoir, prévient Jean-Louis Muller. La trop grande vitesse du débit de la voix est un signe de panique et vos interlocuteurs seront vite perdus. » Lors des réunions en visio, le visage devient aussi un outil de persuasion. « Il faudra aligner ses propos sur son regard, faire attention à ses mimiques et sa respiration. L’écran, centré sur votre visage, accentue vos défauts… mais aussi vos talents. »