Ennui par manque de tâches ou sentiment d’absurdité face à ses missions, bore-out et brown-out désignent des pathologies distinctes mais toutes deux liées au travail. décryptage de la différence entre bore-out et brown-out.
La souffrance au travail prend de multiples formes, que médecins, psychologues et experts s’efforcent d’identifier et de définir. Parmi les pathologies récemment mises en avant, à la suite du burn-out, figurent le bore-out et le brown-out.
Différence entre bore-out et brown-out, la question du volume de travail
Le premier, également appelé « syndrome d’épuisement professionnel par l’ennui », renvoie à la situation de salarié malade de ne pas avoir suffisamment de travail. Un manque d’activité responsable, selon les spécialistes, d’une anxiété, d’une tristesse ou d’une dévalorisation de soi pouvant aller jusqu’à la dépression. « À l’ère où l’on ne parle que de qualité de vie au travail, il semble complètement dépassé de trouver dans une entreprise une personne qui n’a pas suffisamment de choses à faire et le vit mal. Il faut absolument agir contre cela », souligne Harmony Antoine, responsable RH chez Yzico, membre de France Défi.
Pourtant ce type de cas existe. La Cour d’appel de Paris a ainsi condamné début juin un employeur à verser 50 000 € à son ex-salarié considérant que le manque d’activité et l’ennui éprouvé par ce collaborateur, licencié après un congé maladie, était constitutif d’un harcèlement moral.
Vigilance de l’employeur
Outre sa mise au placard délibérée, plusieurs causes peuvent favoriser le bore-out d’un salarié comme une surqualification au regard des missions confiées ou le fait de n’être chargé que de tâches répétitives et monotones. Pour les entreprises, il importe d’être vigilantes sur ce sujet. « Il reste de la responsabilité et du devoir de l’employeur de fournir du travail à son salarié et derrière le bore-out, il y a une question de santé », rappelle Harmony Antoine.
Éviter les cas de bore-out suppose de suivre la charge de travail des collaborateurs.
On peut avoir des indicateurs sur le sujet mais aussi aborder cette question lors des entretiens annuels ou simplement en réunion d’équipe hebdomadaire
Il faut aussi s’assurer que le salarié puisse trouver une écoute sur ce sujet tabou et l’accompagner dans son évolution professionnelle.
Plus de sens au travail
Une personne victime de brown-out quant à elle ne manque pas de travail, elle ne voit pas ou plus le sens ou la finalité des tâches qui lui sont confiées. Là encore cela peut générer un mal-être, de l’anxiété, une démotivation. Le salarié n’éprouve plus d’intérêt pour ses missions et peut se retrouver incapable de les poursuivre. « On peut définir le brown-out comme une sorte de perte de sens abyssale et brutale, une prise en compte de l’absurdité de certaines activités professionnelles », écrit le Dr François Baumann, dans Eliminer la souffrance au travail.
Cette pathologie est souvent mise en lien avec la transition numérique et la dématérialisation qui touche certains métiers. « Face aux bouleversements liés à l’automatisation, le salarié peut avoir plus de mal à se positionner dans l’organisation de demain », abonde Harmony Antoine. Mais le sentiment d’absurdité peut aussi naître de l’extrême parcellisation des tâches dans les grandes structures ou d’un conflit éthique entre ce que le salarié considère comme ses valeurs et les activités de l’entreprise.
Difficile de remobiliser un collaborateur convaincu que son travail n’a aucun sens. Le brown-out aboutit souvent à son départ de l’entreprise voire à une reconversion. En revanche il est possible d’atténuer les interrogations et les angoisses que peuvent faire naître les changements profonds comme la dématérialisation. « L’entreprise doit veiller à bien communiquer et former les salariés et faire de la pédagogie avec ceux qui ne voient pas l’utilité de ces transformations », conseille Harmony Antoine.