Alors que de nombreux secteurs font face à une pénurie de main d’œuvre et que la reprise est encore à la peine, fidéliser ses salariés devient, plus que jamais, un véritable enjeu.
Si les difficultés de recrutement préoccupent particulièrement les chefs d’entreprise, la question de la fidélisation devient elle aussi cruciale. Quatre conseils pour garder la confiance et les compétences de ses collaborateurs dans ce contexte particulier.
Ne pas revenir sur le télétravail pour fidéliser ses salariés
Pour lui, c’est le premier sujet, évident. « La crise sanitaire a généré plusieurs changements, observe Emmanuel Stanislas, fondateur du cabinet de recrutement Clementine. Confrontés au confinement et au télétravail, beaucoup de collaborateurs ont découvert de nouvelles façons de travailler. »
Si tous n’adhèrent pas forcément au travail à distance, difficile pour ceux qui y ont pris goût d’y renoncer.
Pour un employeur, il ne peut plus y avoir de marche arrière sur le sujet. Quand j’échange avec des candidats, ils considèrent le télétravail comme les RTT ou la prise en charge de la mutuelle
Pour fidéliser un salarié, il faudra donc être à l’écoute de ses attentes sur la question. « Revenir dessus, c’est prendre le risque de le voir partir ailleurs où il trouvera ces conditions de travail. En plus, avec le télétravail, des talents peuvent quasiment postuler partout en France. »
Fidéliser ses salariés, montrer une vraie dimension humaine
Notre expert dit en souriant qu’il n’a jamais été fan des « happiness manageurs » en entreprise, garants de bonheurs un peu trop factices à son goût. « Justement, cette période de crise sanitaire est l’occasion de montrer de vraies qualités humaines dont on a besoin. »
Deux ans après l’apparition du Covid, beaucoup d’entre nous ont été touchés personnellement. Même sans avoir été contaminé par la maladie, on peut avoir eu peur et être encore inquiet. « Dans un tel contexte, un dirigeant ou un manager est forcément obligé d’être un peu plus attentif que d’habitude et doit s’assurer que tout le monde va bien. Sans forcément apporter de solution, il a un devoir d’écoute et de présence. » Ce moment de bienveillance sera précieux pour fidéliser ses collaborateurs.
Parler de la santé de l’entreprise
Mais la crise aura aussi affecté la santé de nombreuses entreprises. Directeur d’un cabinet de recrutement spécialisé dans des secteurs en tension comme l’informatique, le web ou les télécoms, Emmanuel Stanislas invite une pas éluder la question. « Le pire, c’est de ne rien dire, car c’est une question que va naturellement se poser le collaborateur. Et c’est peut-être ce questionnement qui le fera partir. »
En cas de turbulences, il est tentant pour un manageur de taire ses difficultés. « L’attitude d’un manageur en temps de crise est un test pour beaucoup. Il ne s’agit pas forcément d’être rassurant mais au moins transparent. Un dirigeant peut expliquer ce qu’il a mis en place et même associer les collaborateurs au risque. » On peut fidéliser des collaborateurs en faisant front ensemble.
Remercier tout de suite… et augmenter plus tard
Reste que le manager ne pourra pas forcément lutter avec d’autres employeurs en termes d’augmentations salariales et de primes. « Raison de plus pour ne pas mentir et ne pas présenter l’entreprise à tort sous son meilleur jour, termine notre expert. Si vous mentez, un collaborateur ne comprendra pas un refus de prime. Au contraire, si vous êtes transparent, vous pouvez laisser entrevoir une récompense. »
Une entreprise peut ainsi reconnaître avoir perdu un gros client, responsabiliser ses collaborateurs et les inviter à relever des défis. « Un dirigeant peut ainsi promettre que, si l’on se serre les coudes, on peut y arriver et tous en profiter. » Il s’agira alors de promettre une prime, une augmentation, une formation ou encore une entrée au capital. « À charge ensuite bien sûr de tenir ses promesses. »