De plus en plus de salariés sont concernés et séduits par le télétravail. Cette pratique en plein essor a une incidence bénéfique réelle sur la productivité.
Les salariés plébiscitent le télétravail. La proportion de salariés concernés est passée de 8 % en 2006 à 16,7 % en 2012 (rapport Mettling 2015). Et selon une étude réalisée par Ipsos et Revolution@Work en novembre 2016, 65% des Français travaillant dans un bureau sont intéressés par l’expérience. Un engouement qui s’explique par la promesse d’un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée, la diminution du stress et de la fatigue liés aux transports, mais aussi la baisse des coûts de déplacement. Surtout, le télétravail a également un impact sur la productivité des salariés. Pour plus d’un Français sur deux, il favoriserait l’efficacité au travail.
Le télétravail, facteur de concentration
L’amélioration des conditions de travail en accroît la productivité. « En open space, le salarié est interrompu dans son travail environ 150 fois par jour alors que le télétravailleur n’est confronté qu’à 40 ou 50 perturbations journalières », explique Cécilia Durieu directrice associée de Greenworking, un cabinet de conseil spécialisé sur le télétravail. Moins de bruit, moins de perturbations, le salarié voit donc sa concentration augmenter. Autre facteur à prendre en compte, les salariés travaillent généralement plus longtemps en télétravail : « S’ils mettaient entre 1h et 1h30 à relier leur bureau, cela ne leur paraît pas anormal de consacrer une demi-heure de plus à leur travail », analyse Yves Lasfargue, directeur de l’Observatoire du télétravail, des conditions de travail et de l’ergostressie (Obergo). De fait, 61 % des télétravailleurs interrogés en 2015 par l’Obergo constatent une augmentation de leur temps de travail.
Repenser le management
Le management a également une grande importance dans cette efficacité renforcée: « Responsabiliser les travailleurs, plutôt que d’en faire des robots, leur permet d’être plus impliqués, plus efficaces. Un meilleur management, cela entraîne également de la productivité », indique Xavier de Mazenod, éditeur de Zevillage.net, un site dédié aux nouvelles formes de travail. Le télétravail exige souplesse et flexibilité du côté de l’encadrement « Le management à distance est différent, il faut obligatoirement anticiper, s’organiser, être clair sur ses objectifs mais aussi ses modes opératoires », prévient Daniel Ollivier, directeur du cabinet de conseil THERA et auteur de l’ouvrage Management 2.0 – Performance économique et capital humain!
Sentiment d’appartenance
Pour autant, la productivité du télétravailleur dépend aussi de ses aptitudes. Les compétences du salarié sont primordiales. Selon Daniel Ollivier : « Il faut prendre en compte la capacité du collaborateur à aller chercher l’info lui-même, à alerter ou faire du reporting. » Car le télétravail a également ses inconvénients : la distance a en effet une incidence sur la fréquence des conflits. Pour Isabelle Lhoste, gérante du cabinet d’expertise comptable Finexi, membre de France Defi, « il existe un risque de rupture sociale, de dilution des liens de l’équipe. Avec les outils informatiques, nous perdons le caractère informel des échanges. Alors que le télétravail occasionnel lors d’une grève de transport ou d’une maladie des enfants, donne au contraire au salarié le sentiment d’être écouté par son employeur ». Pour éviter cette rupture, il est donc essentiel de préserver le sentiment d’appartenance du télétravailleur et de mettre l’accent sur le travail collaboratif avec les forums, les réseaux intra-entreprises ou encore les wikis (pages web collaboratives).