Les entreprises peuvent agir pour aider leurs employés qui soutiennent un proche en parallèle de leur travail, dits salariés aidants, à mieux concilier leurs différents rôles.
Ils sont de plus en plus nombreux, en lien notamment avec le vieillissement de la population. La France compterait quelque 11 millions d’aidants, des personnes qui viennent en aide « de manière régulière ou fréquente, à titre non professionnel, à une personne en perte d’autonomie, du fait de l’âge, de la maladie ou d’un handicap, dans la vie quotidienne », selon la définition du ministère des Solidarités. Cette réalité est aussi un enjeu pour les entreprises. Déjà, un salarié sur dix aide un proche et 23 % des dirigeants de TPE-PME déclarent avoir connaissance de la présence d’aidants dans leurs effectifs.
Un enjeu de responsabilité sociale
Or, cet engagement des aidants auprès de leurs proches peut peser sur leur vie professionnelle : stress, fatigue et sentiment d’isolement peuvent les menacer. Les entreprises ont donc tout intérêt à se préoccuper de leur situation. « Il s’agit d’un enjeu en matière de responsabilité sociale, qui permet d’agir sur la qualité de vie au travail et le bien-être des collaborateurs et par voie de conséquence sur la performance durable de l’entreprise », explique Céline Levert, responsable des ressources humaines chez Axens, membre de France Défi.
Répondre aux besoins des aidants peut en outre améliorer l’image et l’attractivité de l’entreprise. Cela peut aussi s’inscrire dans le cadre d’une politique d’égalité hommes-femmes, le fait d’aider pesant plus lourdement sur ces dernières. Le Laboratoire de l’égalité et Audencia ont ainsi publié un guide destiné aux entreprises pour accompagner les salariées aidantes, dont les mesures peuvent s’appliquer pour tous.
Lever le tabou
Pour agir, l’enjeu est d’abord de lever le tabou qui existe souvent autour du sujet. « La première étape consiste à créer un environnement de travail inclusif où les collaborateurs se sentent à l’aise pour évoquer leur situation », recommande Céline Levert. Chez Axens, ce sont les échanges avec les collaborateurs au sein d’un groupe de travail sur la parentalité qui ont contribué à faire émerger le sujet.
Communiquer en interne sur la démarche de l’entreprise et informer sur la situation des aidants peut aider à ouvrir le dialogue. Il peut aussi être utile de sensibiliser les managers à leurs enjeux. « Cela peut les amener à adopter des pratiques plus souples et bienveillantes dans leur gestion des équipe », souligne Céline Levert.
Il est également possible d’informer les salariés sur les ressources, les droits et les dispositifs, encore mal connus et pas toujours très lisibles, qu’ils peuvent mobiliser en tant qu’aidants : les associations de soutien, les solutions de répit, les éventuelles aides financières, les congés dédiés par exemple.
En interne, prévoir de la flexibilité et des possibilités d’aménagement de l’organisation et du temps de travail est aussi un levier important pour alléger les difficultés des salariés concernés. Certaines entreprises mettent par ailleurs en place un fonds de solidarité ou encouragent le don de jours de repos entre collègues. Chez Axens, un congé spécifique de soutien familial a été instauré. « Souvent, des dispositifs déjà existants peuvent être mobilisés pour les salariés aidants et il s’agit simplement de faire le lien avec cette problématique et de communiquer dessus », remarque Céline Levert.
L’entreprise peut négocier avec ses partenaires en matière de santé et prévoyance des avantages spécifiques à ses salariés.
« L’entreprise peut négocier avec ses partenaires en matière de santé et prévoyance des avantages spécifiques à ses salariés », note-t-elle aussi. Il est ainsi parfois possible de proposer des lignes d’écoute ou un accompagnement psychologique en le négociant avec sa mutuelle. Des groupes de soutien internes, espaces de dialogue et de partage, peuvent aussi être appréciés par les salariés aidants.
Valoriser la politique interne
Une fois la mobilisation sur le sujet engagée, il peut être intéressant de valoriser cette politique. Le label Handéo entreprise engagée auprès de ses salariés aidants propose par exemple une démarche intégrant la réalisation d’un diagnostic, la définition d’un plan d’actions et différentes étapes. Il peut aider à structurer son approche du sujet et, ensuite, à visibiliser son engagement. Cela peut aussi passer par d’autres labels plus globaux ou, tout simplement, par la communication autour des actions menées par l’entreprise. Mais cette mise en avant ne doit pas être l’objectif premier de la démarche, rappelle Céline Levert qui invite à la « considérer comme un véritable levier de transformation interne ».