Karine Delannoy, secrétaire générale de CTN Groupe et membre de France Défi, dévoile dans la chronique d’Experts & Décideurs TV sur Xerfi Business les coûts cachés du recrutement.
Thibault Lieurade : Karine Delannoy, bonjour…Vous êtes Secrétaire générale de CTN Groupe, qui est membre de France Défi. Au travers votre expérience, vous avez relevé une erreur fréquemment commise par les entreprises : celle de vouloir recruter trop rapidement…Expliquez-nous cela…
K.D :
– Effectivement, l’étape du recrutement est absolument essentielle. Si vous leur demandez, les entreprises vont en convenir… mais, dans les faits, elles vont avoir tendance à se précipiter, ce qui va in fine être très coûteux.
– Il est donc préférable d’accepter une rupture temporaire de l’activité sur le poste. Il s’agit de prendre le temps de bien recruter car le choix de la bonne personne va aboutir une rentabilisation du recrutement nettement supérieur pour l’entreprise.
T.L : J’en reviens à cette tendance des entreprises à se précipiter…Comment l’expliquez-vous ?
K.D :
– A mon avis, elles ne voient pas qu’un emploi comporte un certain nombre de coûts cachés.
– Elles considèrent avant tout le salaire, les charges, la mutuelle et les avantages du type tickets-restaurants, mais il y a aussi :
– Le coût du sourcing pour trouver les candidats (ou alors le coût du cabinet de recrutement)
– Le matériel et le coût de l’occupation de l’espace au m².
– Les coûts relatifs à sa formation (internet et externe) ainsi que son temps d’intégration.
– Le coût du temps passé par les autres collaborateurs et/ou du N+1 à le former et à l’intégrer.
T.L. : Mais ces coûts sont incontournables, quel que soit la qualité du profil recruté !
K.D :
– Effectivement, mais le mal-recrutement va engendrer toute une nouvelle série de coûts, eux aussi cachés :
– Le coût de l’absentéisme et le coût pour faire faire le travail par un autre.
– Le coût du désengagement du salarié démotivé, dans une situation de mal-être.
– Le coût du temps perdu à former des personnes qui ne restent pas.
– Le coût du turnover, puisque si la personne part, il faudra amorcer un nouveau cycle de recrutement.
– Et cela peut aller jusqu’au coût du contentieux si la personne part en choisissant d’enclencher une procédure judiciaire.
T.L. : Si je comprends bien, il y a généralement un manque d’anticipation…
K.D :
– Oui, en recrutant trop vite, on risque de manquer une étape pourtant décisive : celle de la réflexion sur la qualité du recrutement. Gardez en tête que, recruter une personne, ne serait-ce qu’à un salaire de 1500 euros brut par mois, va coûter 1 350 000 euros à une entreprise sur 40 ans. S’il s’agissait du coût d’une machine, les entreprises y réfléchiraient à deux fois…
– Il s’agit donc là de prendre le temps pour capitaliser sur l’Humain. Et pour cela, il faut insister sur la mesure de l’investissement.
T.L. : Karine Delannoy merci !