La remanufacture, processus de l’économie circulaire, offre notamment de nombreux avantages environnementaux.
Pas forcément très connue du grand public, la remanufacture ou remanufacturing est une démarche pourtant bien installée dans certains secteurs et très prometteuse. « Cela consiste à remettre à neuf un produit par un processus industriel normé », explique Julien Dubois, président de Mobilians Remanufacturing et co-fondateur de Valused, une start-up qui distribue des pièces automobiles issues de l’économie circulaire pour les professionnels de la réparation.
« Contrairement à la réparation, le remanufacturing implique un processus systématique, standardisé. Pour remanufacturer un injecteur par exemple, on sait à l’avance que l’on va changer tous les composants d’usure et garder les composants durables, quelle que soit la pièce reçue », développe le spécialiste. Comme le recyclage, il s’agit d’une des boucles techniques de l’économie circulaire, dans laquelle on cherche à limiter les déchets et l’utilisation de ressources.
Rétention de valeur
Mais le remanufacturing est plus vertueux. « Réintroduire des matières recyclées dans un processus industriel consomme beaucoup d’énergie. Quand l’opportunité existe de raccourcir cette boucle, il faut la saisir », souligne Julien Dubois. C’est ce que fait la remanufacture, en permettant « la rétention de la valeur inhérente au produit », écrit l’Ademe dans un rapport consacré au sujet, en avril dernier. Matières premières, savoir-faire et énergie nécessaires à la fabrication initiale du produit sont ainsi en grande partie conservés dans le processus de remanufacture.
Cela permet d’avoir une empreinte environnementale divisée par cinq par rapport à un produit neuf, avec la promesse d’une qualité, d’une performance, d’une durabilité et d’une garantie équivalente voire supérieure.
Le procédé a donc de nombreux bénéfices environnementaux, comme le souligne l’Ademe, évoquant l’économie de ressources naturelles, le détournement des décharges de produits en fin de vie, les économies d’énergie ou encore de moindres émissions de gaz à effet de serre. L’intérêt est aussi économique puisque les pièces remanufacturées sont moins chères que les neuves. « Il s’agit également d’une solution fortement pourvoyeuse d’emplois peu délocalisables car cela n’a pas de sens de faire voyager à l’autre bout du monde une pièce en fin de vie pour la renvoyer en France ou en Europe une fois remanufacturée », ajoute Julien Dubois.
La remanufacture, un potentiel de développement
De quoi expliquer l’intérêt croissant pour la remanufacture qui n’est pas une démarche nouvelle. Elle est née pendant la Seconde guerre mondiale aux États-Unis et est déjà relativement développée en Europe dans les secteurs automobiles et aéronautique. À condition de lever certains freins législatifs et opérationnels – certains produits ne peuvent pas être remanufacturés – et de relever le défi logistique de la collecte des produits en fin de vie, la remanufacture pourrait donc largement se développer dans les prochaines années.
Le potentiel est important. « L’économie circulaire dans son ensemble ne représente encore qu’environ 5 % du marché des pièces détachées automobiles en Europe », illustre Julien Dubois en rappelant qu’avec la prise en compte désormais obligatoire des émissions liés aux achats des entreprises dans leur bilan carbone, l’utilisation de pièces remanufacturées devient un levier efficace pour alléger ce-dernier. Elle est en tout cas une solution pour allonger la durée de vie des produits et une piste intéressante pour la réindustrialisation.