Pour mener à bien un rapprochement d’entreprises et s’assurer que les gains attendus de cette opération soient bien au rendez-vous, certains aspects de sa préparation et de sa gestion sont décisifs. Conseils pour réussir sa fusion-acquisition.
Moyen d’accélérer le développement d’une entreprise, la croissance externe – qu’elle prenne la forme d’une fusion, d’une prise de participation ou d’une acquisition – peut viser différents objectifs : gagner des parts de marché, réaliser des économies d’échelle ou acquérir un savoir-faire spécifique par exemple. Mais l’opération n’est pas sans danger.
Réussir sa fusion-acquisition : anticiper et coordonner le projet
La préparation de ces opérations prend du temps. « Au moins trois ou quatre mois et jusqu’à un an, précise Murielle Caudie, expert-comptable chez Cauditex et membre du groupement France Défi. C’est chronophage et il y a toute une gestion de projet à mettre en place ». L’idéal est de désigner une personne pour coordonner l’opération. Ce peut être un collaborateur, quand la ressource est présente en interne, ou l’expert-comptable de l’entreprise. Il peut l’accompagner en amont pour déterminer sa stratégie, le choix de la cible et ensuite pour assurer le lien entre les différents acteurs de l’opération – notaires et avocats notamment – et en planifier les étapes.
S’assurer de payer le juste prix
Un grand soin doit être apporté à l’évaluation de l’entreprise cible. « On peut faire appel à son expert-comptable pour mener cette mission ou à un expert extérieur, pour objectiver la fourchette de prix », conseille la spécialiste. Cette évaluation doit permettre de valider la rentabilité de l’opération en fonction des gains qui en sont attendus.
Il faut pour cela anticiper des prévisionnels. La meilleure solution est de définir un scénario positif et un scénario pessimiste, la vérité étant souvent entre les deux
Réussir sa fusion-acquisition, approfondir les audits
Une fois un accord de principe trouvé, l’acquéreur vérifie les informations présentées par l’entreprise cible au cours d’une phase d’audit, également cruciale. « Les audits “classiques” de l’expert-comptable portant sur les comptes, la partie juridique et le social sont insuffisants, il faut gratter davantage et s’intéresser, par exemple, à la qualité des produits, au système d’information, rencontrer les hommes de terrain », suggère Murielle Caudie. Il convient également de s’interroger sur la compatibilité des cultures des entreprises, le climat social, l’organisation des équipes.
Soigner les aspects humains et psychologiques
La qualité de la relation entre les deux parties est déterminante pour l’aboutissement du projet. Il importe de tenir compte des positionnements et affects respectifs des dirigeants dans les discussions. Leurs conseils peuvent alors mettre un peu de distance dans les négociations. Être bien accompagné peut aussi aider à prendre conscience de ses propres biais. « Le client qui se lance dans une opération d’acquisition peut être convaincu qu’il a eu une bonne idée et avoir tendance à ne voir que ce qui va dans ce sens-là. Notre rôle est d’éclairer la route et parfois de lui dire quand ce n’est pas le cas», illustre la spécialiste.
Communiquer avec mesure
La communication autour de l’opération doit être bien réfléchie, notamment à l’égard des salariés dont les inquiétudes ou le manque d’adhésion au projet peuvent mettre sa réalisation en péril. Si les cadres stratégiques peuvent être rapidement mis au courant, l’ensemble des salariés est généralement renseigné plus tardivement. L’enjeu est alors de les convaincre de l’intérêt du projet, comme il faut aussi le faire avec les partenaires clefs de l’entreprise cible, fournisseurs ou clients stratégiques notamment. « Quelle que soit la volonté de garder les choses confidentielles, à un moment donné, des éléments vont fuiter. Il importe donc d’avoir prévu un plan de communication et de savoir à qui, comment et quand il faut communiquer », pointe Murielle Caudie. Il s’agit en somme d’avoir anticipé aussi cet aspect-là.