Tout chef d’entreprise rêve de voir son entreprise grandir. À force de croissance, une PME peut intégrer la caste des ETI. Mais ce changement de statut nécessite quelques mesures.
250 collaborateurs, 50 millions d’euros de chiffre d’affaires et 43 millions d’euros de total bilan, tels sont les seuils en dessous desquels une entreprise est considérée comme une PME. Dès qu’une structure excède les limites imparties de deux de ces trois critères, elle devient une entreprise de taille intermédiaire, communément appelée ETI. De l’autre côté de la fourchette, ce n’est qu’au-delà de 5000 salariés et 1,5 milliard d’euros de chiffre d’affaires qu’elle accèdera au segment « grand groupe ».
ETI : une définition statistique à l’origine
Exclusivité française, cette dénomination d’ETI n’a pas d’équivalent ailleurs en Europe. Initialement, il s’agit d’une simple définition statistique à valeur d’observation, destinée à identifier ce type d’entreprises, de taille conséquente sans être des multinationales « Ce statut concerne 5000 entités en France, mais une bonne partie sont en réalité des filiales de grands groupes. Le nombre d’ETI indépendantes s’élève à 3500 environ », note Vincent Dauffy, directeur du développement et des accélérateurs PME & ETI pour le compte de BPI France. Celui-ci accompagne les entreprises dans leur transition car, pas moins de 30% de sociétés passent la frontière dans un sens ou dans l’autre chaque année.
Et réussir sa transition implique quelques bonnes pratiques. « Les cas d’entreprises victimes d’hypercroissance existent, explique Vincent Dauffy. Imaginons que vous ayez un carnet de commandes plein à craquer. Pour pouvoir livrer, il vous faut d’abord avoir suffisamment de cash à investir dans la production ». Voilà pourquoi il conseille aux dirigeants de PME passant en ETI d’ouvrir rapidement leur capital afin de bénéficier de davantage de fonds propres. Autre conseil : s’entourer d’un administrateur indépendant. Peu coûteux comparé à un poste similaire à temps plein, celui-ci peut jouer le rôle de directeur financier. Enfin, Vincent Dauffy préconise aux dirigeants de sortir de leur isolement. Comment ? « En intégrant des collectifs, des clubs ou en faisant appel à du mentorat de chef d’entreprise. C’est gratuit. Le concept ? Des grands patrons chevronnés prennent sur leur temps pour guider bénévolement des entrepreneurs ambitieux. » Une pratique curieusement encore peu répandue en France.
Déléguer l’opérationnel pour se concentrer sur la stratégie
Soucieuse de la non-distorsion de la concurrence, l’Europe accepte le principe d’aides publiques destinées aux PME mais pas aux structures plus importantes (ETI et plus). Il ne faut pas croire pour autant qu’il n’y a aucun intérêt à franchir ce palier : accéder à ce stade est bien souvent l’occasion pour le chef d’entreprise de se concentrer sur la stratégie et de déléguer l’opérationnel. Mais aussi d’étendre son influence à l’international. « En effet, il faut bien souvent devenir une ETI pour disposer des moyens de conquête de marchés et d’attraction des talents. En déployant suffisamment de marge, vous pouvez embaucher des n-1 de haut niveau qui vous permettront de souffler, relève Vincent Dauffy. Ce n’est pas parce que vous devenez une ETI que ça va être plus dur, puisque vous serez de fait mieux entouré. L’entrepreneur peut alors se concentrer pleinement sur sa vision. »