Pour inciter les entreprises à choisir leur outil pour la facturation électronique, certaines plateformes de dématérialisation ont mis en place un démarchage agressif et trop peu transparent.
Anticipation n’est pas précipitation. Dans le contexte actuel où de nombreux acteurs se positionnent sur le marché de la facturation électronique et tâchent de convaincre de futurs clients de les choisir comme plateformes de dématérialisation partenaires (PDP), les entreprises ont tout intérêt à prendre le temps de la réflexion.
Certes, l’échéance se rapproche. Dès le 1er septembre 2026, toutes les entreprises devront être en capacité de réceptionner des factures dématérialisées respectant les formats prévus par la réforme. Les grandes entreprises et celles de tailles intermédiaires devront également émettre des factures dématérialisées à cette date. Cette obligation interviendra un an plus tard pour les PME. Pour ce faire, on sait depuis octobre et l’annonce de l’abandon du développement de certaines fonctionnalités du portail public de facturation (PPF) qu’il faudra impérativement passer par une PDP. Elles sont nombreuses à vouloir faire leur place dans le dispositif.
Prise de marché
« Il y a un vrai enjeu de prise de marché avec des expériences à l’étranger qui montrent qu’en la matière les premières solutions qui entrent sur le marché emportent tout », décrypte Laurent Lebar, directeur stratégie métier chez France Défi. Dès octobre, plus de 70 acteurs avaient obtenu une « immatriculation sous réserve » de l’administration fiscale. Ils sont aujourd’hui plus de 80. Certaines futures plateformes ont depuis peu accès à l’annuaire central, une des fonctionnalités conservées pour le PPF, où seront enregistrées toutes les entreprises, pour une phase de test.
Même si des acteurs communiquent dessus, le paysage global de l’offre n’est pas encore fixé. Mieux vaut continuer à voir comment évoluent le marché et les services proposés.
Mais l’enjeu aiguise les appétits, et si le démarchage est massif à l’égard des entreprises, il n’est pas toujours très transparent. Une banque en ligne a ainsi indiqué à ses clients que la réception des factures électroniques allait progressivement être automatiquement activée, à moins qu’ils ne désactivent cette option. D’autres acteurs ont demandé des engagements de trois ans à leurs clients. « Le problème est qu’on ne peut avoir qu’une seule PDP. C’est elle qui sera responsable de l’inscription de l’entreprise dans l’annuaire central et de la gestion de ses flux de factures. Or, une fois l’entreprise enregistrée dans l’annuaire avec telle ou telle plateforme, on ne sait pas encore pour le moment quel sera le process pour en changer », avertit Laurent Lebar.
Un choix stratégique
Le choix d’une plateforme est donc stratégique. Il faut s’assurer que l’outil sélectionné réponde bien aux besoins de l’entreprise. « Mais il est encore un peu tôt pour arrêter ce choix, estime le spécialiste. Même si des acteurs communiquent dessus, le paysage global de l’offre n’est pas encore fixé. Mieux vaut continuer à voir comment évoluent le marché et les services proposés. » Il est en revanche déjà possible de procéder à l’analyse des process et spécificités de l’entreprise, phase préalable incontournable avant de prendre une décision. Pour Laurent Lebar, « il importe de ne pas se précipiter et de demander conseil à son expert-comptable ».
Ce dernier pourra aider l’entreprise à préciser ses attendus concernant sa future PDP. Selon l’activité de l’entreprise, son volume de factures, son type de clients, le fait qu’elle travaille ou non à l’international, les outils et processus déjà en place, certaines plateformes seront en effet plus adaptées que d’autres. Il faudra également veiller à l’interopérabilité entre l’outil choisi, ceux utilisés dans l’entreprise et ceux de son expert-comptable pour que la plateforme s’intègre correctement à son organisation. Mieux vaut donc prendre le temps d’un choix éclairé, au risque sinon de se retrouver bloqué avec un outil inadapté.