Adopter des éco-gestes et allonger la durée de vie de ses équipements permet d’alléger l’empreinte environnementale de ses usages numériques. Conseils pour engager une politique de numérique responsable.
Le numérique, bien que parfois perçu comme immatériel, a des impacts négatifs considérables, notamment en matière environnementale. Il représente par exemple environ 4 % des émissions globales de CO2, une part en très forte augmentation. La production, très consommatrice de ressources, et, en fin de vie, le démantèlement des smartphones, ordinateurs, tablettes et autres équipements numériques polluent. « Le bilan environnemental de la fabrication de ces équipements est catastrophique et en aval, leur recyclage n’existe quasiment pas, les outils sont démantelés par de petites mains en Asie du Sud ou en Afrique. La gestion de ces déchets électroniques est un désastre écologique et sociétal », explique Olivier Langlet, le fondateur de Terra-Num, une agence spécialisée dans la transition numérique responsable des organisations, des entreprises et des collectivités.
Pour les entreprises soucieuses de mettre en avant leur responsabilité sociétale, adopter une démarche de numérique responsable est donc incontournable. Elle vise à réduire l’impact écologique – c’est l’objet du green IT – mais aussi économique et social du numérique.
Politique de numérique responsable, faire un état des lieux
Cela suppose d’abord d’informer et de former ses salariés sur le sujet. « La méthodologie pour faire passer une entreprise à l’action suppose d’abord une phase d’acculturation, où l’on va transmettre l’information au collaborateur que le numérique pollue, à l’aide de conférence, de webinaires ou d’ateliers », décrit Olivier Langlet.
Il est ensuite possible de faire un état des lieux du matériel et des usages dans l’entreprise afin de pouvoir mesurer leur impact et identifier des marges de progression.
Après avoir mesuré le bilan carbone du numérique de l’entreprise et fait une sorte de photo de là où elle en est, on détermine un plan d’action pour réduire ce qui peut l’être sans mettre en péril son modèle économique
L’action passe par la promotion des éco-gestes permettant d’alléger l’empreinte environnementale des usages du numériques. « Sur les smartphones et les ordinateurs, il faut prendre l’habitude de désinstaller les applications qui ne sont pas utilisés. Même choses concernant les données. Nos travaux dans les entreprises montrent qu’environ 40 % des données ne sont pas utilisées. Enfin il faut aussi entretenir les machines en tant que telles », développe Olivier Langlet qui préconise par exemple de retourner les ordinateurs en atelier, ou chez son prestataire informatique, chaque année pour faire le point.
Entretenir pour espacer le renouvellement du matériel
Toutes ces habitudes doivent permettre d’allonger la durée de vie des équipements, qui constitue l’un des principaux enjeux du numérique responsable. Il s’agit ainsi de privilégier la maintenance et la mise à jour régulière des outils pour éviter un renouvellement trop précoce. « En trente ans, la durée de vie d’un équipement informatique a été divisée par trois. Il y a encore quelques années, elle était autour de 3 ans, aujourd’hui on doit être autour de 5 ans et ce serait bien qu’on arrive à 7 ans », conseille le spécialiste du numérique responsable.
Lorsque le renouvellement est indispensable, les entreprises peuvent s’appuyer sur certains labels recensés dans le guide pratique pour des achats numériques responsables, à l’image d’EPEAT ou Energy Star, pour choisir leurs équipements. Autre option : ne pas miser sur le neuf et prolonger plutôt la vie d’outils ayant déjà servi mais révisés. « De plus en plus d’acteurs sont capables de fournir des équipements de seconde main à des entreprises », souligne Olivier Langlet.
Favoriser le réemploi pour entamer une politique de numérique responsable
Il importe d’ailleurs qu’elles s’efforcent elles-mêmes de favoriser le réemploi des machines dont elles se séparent. Certains équipementiers proposent des programmes de retour et d’autres acteurs ont mis en place des filières de reconditionnement pour permettre aux outils de bureau d’avoir une seconde vie. Enfin, le numérique responsable passe aussi par une attention portée à l’éco-conception de ses services numériques, qu’ils soient développés en interne ou par des prestataires.
La démarche suppose des changements d’habitudes mais est facilement abordable. « Il n’y a pas besoin d’un énorme effort pour se lancer, on peut avancer par palier », assure Olivier Langlet en rappelant qu’au-delà de l’impact environnemental et sociétal du numérique responsable, les entreprises peuvent aussi rapidement y trouver un intérêt économique.