La deep tech désigne les technologies de pointe que développent certaines start-up. Elles sont susceptibles de porter des innovations radicales dans le domaine de la santé ou de la lutte contre le réchauffement climatique.
Cible du plan de soutien aux start-up annoncé début juin, la « deep tech » faisait déjà l’objet d’un plan de développement lancé par Bpifrance en janvier 2019. Le fonds French Tech Accélération n°2, prévu dans le plan start-up et doté de 100 millions d’euros, devrait ainsi se focaliser sur les start-up de la deep tech.
Exit la high tech, c’est une nouvelle expression qui concentre l’intérêt des différents acteurs de l’innovation et des pouvoirs publics. Elle sert à désigner des projets porteurs d’innovation de rupture, qui repoussent les frontières technologiques. « Il s’agit de technologies émergentes, qui sortent généralement à peine de la phase de recherche et nécessitent beaucoup de R&D pour atteindre leur plein potentiel, tout en ayant déjà des applications concrètes », explique Arnaud de la Tour, président de la société Hello Tomorrow qui œuvre au développement de ce secteur.
L’intelligence artificielle, les techniques de séquençage et d’édition du génome, les nouveaux matériaux ou les nanotechnologies peuvent ainsi être rangés dans la catégorie deep tech. Si, pris indépendamment, ils sont déjà prometteurs, leur combinaison démultiplie leur potentiel. « La révolution sur le point d’arriver en matière de bioproduction constitue un bon exemple. Cela consiste à produire en utilisant le vivant comme usine. Les avancées dans ce domaine sont le fruit d’une convergence entre les biotechnologies, la robotique et le machine learning », illustre le spécialiste.
La deep tech mise sur la recherche de pointe
Bpifrance a mis au point un référentiel pour identifier les projets deep tech. Ils se distinguent d’abord, d’après l’organisme, par un fort lien avec le monde de la recherche, qu’ils soient développés par des sociétés émanant des laboratoires, par des start-up ou par de grandes entreprises.
« Après une vague d’innovations où le transfert technologique se faisait souvent directement du monde académique vers les grands groupes, il y a eu une deuxième vague sur le modèle de la Sillicon Valley où les start-up ont porté les innovations dans le domaine des biotechnologies et du digital principalement. Aujourd’hui les start-up ont un rôle prépondérant dans la recherche de pointe, parce que les barrières à l’entrées sont moindres », constate Arnaud de la Tour. Pour autant, c’est bien tout un écosystème incluant chercheurs, jeunes sociétés innovantes, investisseurs, grands groupes, mais aussi des incubateurs et des accélérateurs, qui se met actuellement en place autour des deep tech.
Un développement long
Selon Bpifrance, celles-ci ont pour autre caractéristique de lever des verrous technologiques forts, ce qui leur confère un avantage très différenciant. Les innovations issues de la deep tech ne sont ainsi pas rapidement réplicables. Enfin, les projets deep tech ont en commun un développement long et complexe avant leur mise sur le marché, nécessitant dès lors d’importants financements.
Il faut en moyenne un an et demi de développement pour aboutir à un premier prototype dans le champ de l’intelligence artificielle, et plutôt trois ans en matière de biotechnologies ou de nouveaux matériaux
Susceptibles de porter des innovations radicales, les deep tech pourraient apporter des éléments de réponse aux grands défis de l’époque actuelle. Pour la dernière édition du concours Hello Tomorrow Challenge, l’association a reçu près de 5000 candidatures.
« Près de la moitié de ces start-up s’attaquent à des problèmes de santé et 30 % adressent le changement climatique et le développement durable », note le président. « Les deep tech sont des déclencheurs ou des faciliteurs des transitions industrielles dont nous avons besoin pour produire différemment et décarboner notre économie », ajoute-il. De quoi expliquer l’intérêt que les pouvoirs publics, les entreprises et les investisseurs leur portent.