De nombreux acteurs accompagnent spécifiquement les structures du champ de l’économie sociale et solidaire. Quelles sont les moyens de financer un projet d’entreprise dans l’ESS ?
Concilier impact social et performance économique, ainsi peut se résumer l’objectif des différentes structures de l’économie sociale et solidaire (ESS). Ces associations, coopératives ou entreprises œuvrent dans des secteurs variés. Comme tous les porteurs de projets, leurs créateurs doivent passer par la recherche de financements pour lancer leur structure.
Si rien ne leur interdit de solliciter les acteurs classiques du financement de la création d’entreprise, de nombreux organismes sont dédiés à l’ESS. « Il n’est pas forcément plus compliqué de financer un projet dans ce champ. Mais il faut se tourner vers les interlocuteurs que cela intéresse », remarque Christophe Dupit, expert-comptable chez Auverco, membre du groupement France Défi.
Financer un projet d’entreprise dans l’ESS, des solutions spécifiques
Le réseau France Active constitue un interlocuteur de poids dans le secteur de l’ESS. Il propose un accompagnement et des solutions de financement sous forme de prêts à taux zéro, de garanties de prêts bancaires ou d’apports associatifs aux entrepreneurs engagés. « Après une analyse approfondie, le dossier est soumis à un comité d’engagement, constitué de bénévoles, qui auditionne le porteur de projet », précise le spécialiste, lui-même membre d’un comité. Les aspects financiers sont étudiés (compte de résultat prévisionnel, plan de financement…), ainsi que la stratégie commerciale et l’environnement de l’entreprise.
Mais pas seulement.« Nous nous intéressons aussi à la gouvernance, à la gestion des ressources humaines, à l’impact sociétal du projet et à la manière dont il répond aux besoins du territoire », détaille Christophe Dupit.
D’autres acteurs accordent également des prêts aux aspirants entrepreneurs de l’économie sociale et solidaire. Le Crédit Coopératif, la Caisse Solidaire ou la Nef, société coopérative de finances solidaires, par exemple.
Solliciter les fondations
Il ne faut pas hésiter non plus à frapper aux portes des fondations.
Les fondations des grandes entreprises ont des objectifs en termes de responsabilité sociétale. Elles les réalisent à travers le financement de projets de l’ESS
Autre piste à creuser : le financement participatif. En reposant sur le soutien populaire, il s’accorde particulièrement bien à la création de structures dans l’ESS. À l’instar de MiiMOSA, Ulule, HelloAsso ou Zeste, de nombreuses plateformes opèrent dans ce domaine, avec des modalités de financement variées. « Ce peut être du financement en échange de contreparties, ou des prêts participatifs. Il faut alors réfléchir à la manière de s’y retrouver en fonction du taux d’intérêt proposé. Et, de manière générale, choisir une plateforme qui correspond à son projet en fonction, notamment, de sa résonnance territoriale ».
Par ailleurs, des investisseurs misent également sur l’économie sociale et solidaire. C’est notamment le cas des Cigales : des clubs d’investisseurs pour une gestion alternative et locale de l’épargne solidaire. Certaines régions, parfois, apportent aussi leur aide.
Frapper aux bonnes portes pour financer un projet d’entreprise dans l’ESS
Finalement, les sources de financement sont nombreuses. Les créateurs doivent s’y retrouver afin de récupérer l’argent dont ils ont besoin, sans trop perdre d’énergie. « Si on a la capacité à mobiliser l’ensemble du financement dont on a besoin sans s’éparpiller, c’est mieux. Mais restez très ouvert à ce qui peut exister », conseille Christophe Dupit. En plus de France Active, les chambres régionales de l’économie sociale et solidaire (CRESS) peuvent orienter les porteurs de projets.
Des opportunités avec le plan de relance ?
Le plan de relance dévoilé en septembre par le gouvernement annonçait que plus d’un milliard d’euros bénéficierait directement à l’économie sociale et solidaire. Près de 600 millions d’euros seraient ainsi alloués aux structures de l’ESS qui favorisent l’insertion professionnelle des jeunes. De plus, un plan de soutien de 100 millions d’euros financera directement les associations de lutte contre la pauvreté. Le gouvernement souhaite également de renforcer les tiers-lieux en milieu rural, sous statut associatif, coopératif ou ESUS, à hauteur de 30 millions d’euros afin d’y développer l’inclusion numérique.
Les structures de l’ESS accéderont également aux aides et aux soutiens financiers en faveur de l’économie circulaire, du soutien à l’emploi des personnes en situation de handicap, du tourisme durable et de la transition agro-écologique. Ces aides représentent une enveloppe totale de 800 millions d’euros. À noter que les crédits prévus par le plan de relance dépendent du vote du projet de loi de finances 2021, actuellement en discussion au Parlement.
L’État et le groupe Caisse des Dépôts ont conjointement décidé de renforcer l’enveloppe consacrée au développement de l’ESS. Les fonds mobilisés entre 2020 et 2022, au titre de la convention pluriannuelle de partenariat, atteindront 300 millions d’euros, soit un triplement de l’engagement initial consenti. Bpifrance s’engage également à soutenir l’économie sociale et solidaire dans les territoires. La banque publique d’investissement prévoit de financer 130 millions d’euros de prêts d’honneur solidaires entre 2020 et 2022. En outre, les acteurs de l’économie sociale et solidaire pourront également bénéficier du volet « vert » du quatrième programme d’investissement d’avenir pour lequel est prévu un investissement de 3,4 milliards d’euros.