Difficile d’estimer la valeur de son entreprise quand on s’apprête à lever des fonds. Alors que plusieurs méthodes peuvent être utilisées pour déterminer la valeur d’une entreprise mature, dans les phases de levée de fonds, ces techniques, basées notamment sur les actifs ou l’évaluation de sa capacité à dégager des résultats à partir des performances passées, sont inopérantes dans le cas d’une start-up. « On est forcément à un stade où on ne sait pas bien ce que sera la réalité du futur. Tant que l’on n’a pas de visibilité sur le projet en termes de marché, de prix, de niveau de chiffre d’affaires, on est sur des hypothèses », souligne Jacques Martin, expert-comptable à Bordeaux-Mérignac, membre de France Défi.
Une valorisation basée sur différents critères
Avant une levée de fonds, la détermination de la valeur de l’entreprise va donc tenir compte d’éléments plus subjectifs. « Cela va reposer en grande partie sur la compétence de l’équipe et du porteur de projet », explique le spécialiste. Certaines caractéristiques du projet peuvent aussi augmenter la valorisation de l’entreprise. « Les avantages concurrentiels du produit ou du service vont être déterminants, comme la détention de brevets s’il s’agit d’une technologie nouvelle. Même si cela est très aléatoire, on va regarder quelles sont les perspectives prévues dans le business plan », détaille-t-il. Le soutien d’institutions, comme des aides du Conseil régional, un accompagnement par une structure spécialisée ou le fait de bénéficier des avantages du label Jeune entreprise innovante, entrent aussi en ligne de compte.
Cerner le raisonnement des investisseurs
Pour estimer au mieux la valeur de son entreprise, il importe ensuite de comprendre le raisonnement des investisseurs potentiels. « Ils réfléchissent en sachant qu’ils vont sortir après un certain nombre d’années, 5 ou 7 ans par exemple. A partir de la valeur de l’entreprise espérée à cette échéance-là, ils vont appliquer des taux d’actualisation tenant compte de l’incertitude, qui peuvent aller de 60 % lors de la création à 20 % lors de l’introduction en Bourse, pour avoir une idée de ce que vaut l’entreprise aujourd’hui », explique Jacques Martin.
A partir de cette valeur à terme, on évalue celle de l’entreprise, avant la levée, appelée valorisation « pré-money ». Celle-ci est aussi fonction du besoin de trésorerie et des parts de capital que l’entrepreneur est prêt à attribuer à l’investisseur. S’il recherche 200 000 euros, accepte de donner 20 % du capital en échange, et trouve un investisseur d’accord pour cela, la société vaudra un million d’euros après la levée. Sa valorisation pré-money est égale à ce montant moins la somme investie, soit 800 000 euros.
Faire appel à des professionnels
Pour ne pas se tromper, mieux vaut faire appel à des professionnels. « Il faut s’entourer de partenaires, expert-comptable et avocat notamment, habitués à pratiquer des levées de fonds et donc compétents face à des investisseurs rodés à l’exercice », conseille le spécialiste. Et même si l’estimation de la valeur de son entreprise est en partie subjective, mieux vaut ne pas se montrer trop gourmand. « Si on survalorise l’entreprise lors d’un tour de table et que le projet n’avance pas à la vitesse prévue, cela peut compromettre les levées de fonds suivantes », prévient-il.