Si l’emprunt bancaire est un passage incontournable lors du financement du rachat d’une entreprise, un investissement personnel reste souvent indispensable pour mener à bien l’opération.
Quel devenir pour les entreprises et les commerces aujourd’hui en difficulté ? Si les mesures d’urgence permettent pour l’heure d’éviter une vague de liquidations, au sortir de la crise, le malheur des uns pourrait bien faire le bonheur des autres. « Pour les investisseurs, la crise va faire naître des opportunités de rachat », prédit Frédéric Tritz, expert-comptable au sein du cabinet Franiatte, membre du groupement France Défi. À condition pour l’acquéreur d’avoir les moyens de ses ambitions, ainsi qu’une connaissance fine de l’entreprise ou du fonds de commerce visé et d’un solide plan financier.
Financement du rachat d’une entreprise : renforcer ses fonds propres
Qu’il s’agisse de son épargne personnelle ou d’une ligne comptable prévue pour le développement externe de son activité, le repreneur devra y aller de sa poche. Un apport personnel de 15 à 30% est en effet indispensable pour attirer d’éventuels investisseurs ou obtenir un crédit bancaire. « Personne ne pourra croire à votre projet si vous n’y croyez pas vous-même », résume Frédéric Tritz.
Différents « coups de pouce » permettent de renforcer ses fonds propres : la love money (levée de fonds auprès de tiers et des business angels), le financement participatif ou des prêts d’honneur, sans intérêt ni garanties, auprès de réseaux nationaux, comme France Active ou Initiative France. Les montants peuvent osciller entre 2000 à 50 000 euros. « Ces prêts sont en général accordés dans la limite de ce que vous pouvez apporter en fonds propres », tempère l’expert-comptable.
L’incontournable financement bancaire
Un apport personnel solide permet d’ouvrir la porte à l’emprunt bancaire, qui demeure le principal levier pour financer un projet de reprise d’entreprise. Le prêt peut en effet couvrir jusqu’à 70% du prix d’acquisition avec un remboursement étalé sur 5 à 7 ans. « L’emprunt bancaire reste le ciment qui lie tout le plan de financement », indique Frédéric Tritz. Ce dernier recommande de taper à la porte d’au moins trois banques pour comparer les conditions et les taux.
Il faut être particulièrement vigilant sur les garanties, notamment celles qui concernent l’engagement personnel du dirigeant. C’est là où il prend le risque
Quelles aides et subventions publiques lors du rachat d’une entreprise ?
Autres sources de financements possibles : les subventions de l’État, comme l’Arce ou l’Acre, qui peuvent se conjuguer avec les aides spécifiques des régions et des collectivités territoriales (prêt à taux zéro, fonds de garantie…). Bpifrance, la banque publique d’investissement, accompagne également sous conditions le repreneur d’entreprise au travers d’avances, de prêts ou de garanties.
La garantie de transmission permet, par exemple, de garantir à hauteur de 50% de leur montant les prêts consentis aux repreneurs qui débutent dans l’entrepreneuriat et aux entreprises existantes en phase de développement par croissance externe. « Il faut aussi regarder du côté des aides spécifiques à certaines catégories, comme les jeunes, les femmes chefs d’entreprise ou les demandeurs d’emploi. Mais aussi les aides régionales prévues en cas de création ou de maintien de l’emploi, d’installation en zone rurale, etc. », précise Frédéric Tritz.
Rachat de société : le « LBO », la solution collective
Le Leverage Buy Out (LBO) ou rachat avec effet levier est un montage financier qui permet d’acquérir une entreprise en constituant une société holding à plusieurs. « On repart de zéro, souligne Frédéric Tritz. Si on est par exemple quatre, chacun reçoit 25%. À quatre, il y a moins, voire plus, de garanties à apporter auprès de la banque. » Un moyen efficace pour faire entrer un salarié dans le capital de l’entreprise.
« Au lieu qu’il emprunte personnellement pour me payer par exemple 20%, on constitue une holding. Le dirigeant garde 80%, le salarié 20%. Et c’est la holding qui rachète à 100% l’entreprise. » Un dispositif qui a un autre avantage, fiscal cette fois : « Les intérêts de l’emprunt vont être déductibles dans la holding et les dividendes seront très faiblement taxés en remontant à la holding. Ce n’est pas négligeable », souligne l’expert-comptable.
En résumé : les réponses à vos questions sur les solutions de financement pour le rachat d’entreprise
Comment trouver une entreprise à reprendre ?
Les CCI et les CMA disposent de bourses d’annonces en ligne. Elles sont également associées à la bourse de Bpifrance. Certaines fédérations ou syndicats possèdent un espace dédié à la reprise sur leur site comme la FFB ou l’UMIH. Des associations dédiées peuvent vous renseigner comme Cédants et Repreneurs d’Affaires ou le Clenam. Vous pouvez solliciter des mandataires en vente de fonds de commerce ou des cabinets en fusion et acquisition.
Quelles sont les aides pour reprendre une entreprise ?
Plusieurs aides existent pour accompagner les personnes qui souhaitent reprendre une entreprise comme le Nacre ou l’Arce, mais il existe également des aides prévues par les régions. N’hésitez pas à vous rendre sur la base nationale des aides publiques aux entreprises, gérée par Bpifrance, pour découvrir celles dont vous pouvez bénéficier.
Comment reprendre une entreprise sans argent ?
Sans apport personnel, il est plus compliqué de se lancer dans l’achat d’une entreprise. Il existe cependant plusieurs options : miser sur le crowdfunding, faire une demande de financement auprès de l’Adie, obtenir un prêt d’honneur proposé par un réseau d’accompagnement comme Réseau entreprendre ou Initiative France. Si vous reprenez une PME, vous pouvez faire une demande de prêt auprès de Bpifrance grâce au contrat de développement transition.