Pour une entreprise, travailler à l’international peut être un facteur de développement rapide, mais cela comporte aussi des risques liés à l’éloignement des intervenants et à une moins bonne connaissance des cultures et des habitudes commerciales. Le crédit documentaire ou « crédoc » permet de limiter ces risques.
Le crédit documentaire, un outil internationalement reconnu
« Importateurs et exportateurs ont des intérêts divergents : ces derniers souhaitent en général être réglés avant d’expédier leur marchandise alors que les premiers ne voudront payer qu’après la réception des marchandises ou services. Le crédit documentaire propose aux deux intervenants de pallier cette impossible conciliation », explique Karen Vuong, chef de produits Trade Finance à la Société Générale.
A travers cet outil, internationalement reconnu, la banque de l’acheteur (banque émettrice) s’engage à la demande et pour le compte de son client importateur à régler, selon les conditions du crédit documentaire, un certain montant à l’exportateur par l’intermédiaire de sa banque. Et ce, dans un délai déterminé et contre la remise de documents strictement conformes, justifiant la valeur et l’expédition des marchandises ou des prestations de services.
« L’acheteur et le vendeur se mettent d’accord, lors des négociations commerciales, sur un paiement par crédit documentaire et sur la liste des documents à fournir », précise Martine Graff, directeur d’activités Trade Finance chez la société de conseil Syrtals. Le vendeur doit donc rester vigilant à ne pas s’engager sur des documents qu’il aura des difficultés à se procurer en temps voulu.
Un risque commercial neutralisé
Grâce au crédit documentaire, l’acheteur est assuré de recevoir sa marchandise dans la qualité, la quantité et les délais impartis. Le vendeur bénéficie lui de l’engagement irrévocable de la banque émettrice de payer sous réserves de présentation de documents strictement conformes aux termes du crédit. Le risque commercial est ainsi neutralisé. Mais le vendeur demeure exposé au risque de défaillance de la banque de son partenaire ou de non-transfert des devises suite par exemple à une décision politique. « Un premier niveau de prévention consiste à demander à son importateur de faire ouvrir le crédit documentaire auprès d’une banque dont la réputation et la solvabilité sont solides. L’exportateur aura cependant tout intérêt s’il souhaite une couverture maximale à demander à sa banque d’ajouter sa confirmation au crédit documentaire. Il bénéficie ainsi d’un double engagement bancaire : celui de la banque émettrice et celui de sa propre banque », explique Karen Vuong. On parle alors de crédit documentaire confirmé.
Un instrument de financement
Moyen de paiement et de sécurisation des opérations, le crédit documentaire est également un instrument de financement. L’exportateur peut ainsi demander à sa banque d’escompter le produit du crédit documentaire si ce dernier a été ouvert avec un différé de paiement. « Les exportateurs de certains pays d’Extrême Orient utilisent d’ailleurs massivement cet outil comme garantie pour leur financement court terme », souligne la spécialiste.
Du fait des coûts qu’elle suppose, liés aux commissions des banques qui facturent aussi des frais de transmission de documents par exemple, l’ouverture d’un crédit documentaire n’est cependant pas conseillée pour les opérations inférieures à 10 000 €.