Autorisés depuis 2012, la vente et l’achat de licences de logiciels d’occasion se développent peu à peu en France. Une formule qui permet de faire d’importantes économies.
35 % du budget informatique des entreprises, voilà selon une étude réalisée en 2014 par le cabinet d’étude Forrester ce que représente le coût des logiciels. Loin d’être négligeable… C’est pourquoi certaines entreprises, des PME comme des grands comptes, se tournent vers l’achat de logiciels d’occasion. Longtemps prohibée, la revente de licences de logiciels d’occasion est légale depuis un arrêt de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) de juillet 2012, précisant même que les clauses interdisant cette pratique sont sans valeur. Si dans certains pays comme l’Allemagne, les responsables informatiques se sont rués sur cette possibilité de faire des économies, la France fait preuve de davantage de prudence, sans doute parce que la décision n’a pas encore été retranscrite dans le droit national.
Une économie de 20 à 80 % grâce aux logiciels d’occasion
Mais d’où viennent ces licences de logiciels de seconde main ? « Acquisitions surdimensionnées, solutions délaissées suite à la migration vers une nouvelle technologie, réductions des effectifs… Environ 25 % des licences acquises ne sont pas ou plus utilisées par les entreprises », explique Habibou M’Baye, cofondateur de la plateforme SoftCorner, dédiée au marché secondaire des logiciels. Une source de gains pour celles qui réalisent qu’il s’agit d’actifs valorisables… Et une opportunité de faire des économies pour les acheteurs. « Elles vont de 20 à 80 %, selon le produit et sa version », assure François-Xavier Beauval, directeur commercial de UsedSoft, revendeur de licences de seconde main. Evidemment, plus une version est ancienne, plus sa cote est basse. Bon à savoir par ailleurs : lorsqu’un logiciel est revendu, il l’est dans sa version upgradée, et non dans sa version initiale. Si des mises à jour ont été effectuées pour réparer des bugs, l’acheteur en bénéficiera donc.
Respecter une certaine prudence
Si l’achat de logiciels d’occasion est autorisé, quelques règles doivent cependant être respectées, l’arrêt de la CJUE fixant des conditions strictes. « D’abord, l’achat initial doit avoir été effectué au sein de l’Union européenne. Par ailleurs, le vendeur doit s’engager formellement à désinstaller le logiciel », précise François-Xavier Beauval. « De plus, la licence doit avoir été accordée sans limite de durée », complète Habibou M’Baye. Pour s’assurer une traçabilité sans faille, et être à même de faire face aux audits des éditeurs de logiciels qui vont en se multipliant, mieux vaut faire appel à des spécialistes de la revente, implantés en France ou au moins en Europe. En plus du support d’installation, ces derniers fournissent toute la documentation requise, dont la facture initiale, pour prouver la légalité de l’opération. Il est aussi préférable de se limiter à des outils basiques ne nécessitant pas de suivi particulier de l’éditeur, comme les suites bureautiques. « L’acquéreur ne dispose que du droit d’usage, le support et la maintenance ne sont pas transférables. Ce qui peut s’avérer problématique avec un logiciel très spécifique ou paramétré pour les besoins du premier acheteur », prévient François-Xavier Beauval. « Cela dit, rien n’interdit au second propriétaire de la licence de souscrire un contrat de maintenance et de mise à jour avec l’éditeur », assure Habibou M’Baye. Autre possibilité de réduire le budget consacré aux logiciels, le Software as a Service (SaaS), autrement dit la location. Si la formule peut séduire parce qu’elle évite un investissement lourd au départ, sur deux ou trois ans, elle s’avère généralement moins intéressante que le recours à l’occasion.