Bien relancer l’activité : c’est une priorité affichée du gouvernement. Oui, mais comment ? Pour l’entreprise, il convient d’intégrer le contexte pour évaluer sa rentabilité et son besoin en fonds de roulement. Attention à ne pas caler au (re)démarrage.
Depuis le déconfinement du 11 mai, et les annonces du président Macron, le 14 juin, la reprise se dessine. Toutefois, tout dirigeant d’entreprise doit prendre le temps de la réflexion pour organiser son propre redémarrage. « Une entreprise ne peut pas repartir en pleine capacité de production du jour au lendemain. C’est utopique, tranche Boris Sauvage, expert-comptable et commissaire aux comptes au cabinet Xtremum, membre du groupement France Défi. Le chef d’entreprise doit faire énormément de choses en peu de temps. Être à la fois efficace, pragmatique et efficient. »
Bien relancer l’activité, en se fixant des objectifs ambitieux, mais réalistes
Pour y parvenir, il est essentiel de se fixer des objectifs simples de rentabilité et de performance à court terme. « À une semaine, un mois, un trimestre », dit Boris Sauvage. Par conséquent, le tableau de bord à suivre est propre à chaque entreprise.
Se fixer un nombre d’unités de production, de couverts dans un restaurant, de contacts pour un commercial… Ces objectifs doivent être ambitieux, mais réalisables.
Une stratégie des « petits pas » pour retrouver, progressivement, sa pleine capacité de production. Une stratégie qu’il convient aussi de prendre en concertation avec ses collaborateurs. « Il faut en faire une réussite collective, une source de mobilisation et de confiance pour tous », préconise Boris Sauvage.
Des contraintes nouvelles à prendre en compte
Comment mesurer l’efficacité et la rentabilité de son entreprise ? Selon l’expert, il peut être judicieux d’utiliser comme indicateur la marge, ou la valeur ajoutée (qui intègre les frais de personnels parfois toujours en chômage partiel), plutôt que des volumes ou un chiffre d’affaires.
Pour l’entreprise, dans un environnement bouleversé, « inutile de comparer le chiffre d’affaires actuel au précédent », relève le commissaire aux comptes. « Les conditions de travail ne sont plus les mêmes, et les règles sanitaires impactent la capacité de production. Il faut chercher comment retrouver la rentabilité avec des contraintes pesant sur son chiffre d’affaires en augmentant les coûts (le nettoyage, les gels, les masques, etc.). » Cela peut conduire à prendre des décisions stratégiques : hausses de tarifs, réduction des effectifs, choix d’approvisionnement reconsidéré…
Autre écueil à éviter : vouloir à tout prix combler ce qui a été perdu, pendant l’arrêt de son activité. Le risque : « se retrouver noyé avec une tentative de redémarrage réalisée à moitié ».
Bien relancer l’activité, c’est anticiper le besoin en fonds de roulement
Après plusieurs semaines à l’arrêt, la reprise progressive de l’activité s’anticipe. Il faut, notamment, évaluer son besoin en fonds de roulement précisément. Dans cette phase pleine d’incertitude, l’accompagnement par un expert-comptable est crucial. « Si jamais l’entreprise laisse déraper son besoin en fonds de roulement, des tensions de trésorerie peuvent apparaître. Il faut rester prudent, surveiller notamment ses créances clients », conseille Boris Sauvage. Le danger serait de fragiliser la confiance des banques ou des tiers et, par la suite, de connaître des difficultés d’approvisionnements « pénalisant à terme la capacité de production de l’entreprise ».
L’expert-comptable est là pour aider à renforcer ses finances, auprès de différents acteurs. Recours au prêt garanti de l’État, aides de Bpifrance, prêt rebond de sa région… Des opportunités existent. Et pas seulement pour certains secteurs (le BTP, les entreprises de la restauration, du tourisme et de l’événementiel…).