De nombreuses entreprises ont vu leurs factures d’électricité grimper. Le point sur les éléments négociables d’un contrat et les aides pour tenter d’atténuer les hausses de prix et négocier son contrat d’énergie.
Ces derniers mois, dans un contexte de tensions sur le marché de l’énergie, de nombreuses entreprises ont vu leurs factures de gaz ou d’électricité exploser. Certaines ont dû renouveler leur contrat d’énergie cet été au plus fort du pic des tarifs, d’autres, dont le contrat arrivait à échéance en fin d’année, ont dû accepter dans l’urgence des conditions tarifaires bien moins favorables que celles dont elles bénéficiaient jusque-là. Une situation délicate alors que pendant longtemps, le suivi des contrats d’énergie n’était pas forcément un enjeu prioritaire pour les chefs d’entreprise.
« Les clients pensent souvent que leurs contrats durent deux ou trois ans alors qu’ils sont parfois annuels et reconduits tacitement. S’ils n’anticipent pas, ils peuvent avoir de mauvaises surprises », alerte Yannick Loubière, expert-comptable chez CL Expertise, membre de France Défi. Depuis fin octobre, le cabinet a tâché d’avertir ses clients.
Nous les avons informés pour leur dire d’être très attentif au sujet mais on ne s’imaginait pas forcément de hausses si brutales en fin d’année. Elles ont parfois remis en cause la continuité d’exploitation de certaines entreprises.
Contrat d’énergie, faire jouer la concurrence
S’il est peu probable d’arriver à obtenir des tarifs vraiment bas dans le contexte actuel, préparer la négociation de son contrat peut tout de même aider à limiter la hausse des factures. Le prix de l’abonnement comme celui du kilowattheure sont des éléments négociables et pour obtenir les tarifs les plus avantageux, il ne faut pas hésiter à faire jouer la concurrence. Fournisseurs traditionnels, fournisseurs alternatifs, tarifs réglementés ou de marché, fixes ou dynamiques, plusieurs options sont possibles. Pour adapter son contrat, il est intéressant d’analyser le profil de consommation de son entreprise. Quelle est sa consommation finale ? Y-a-t-il des périodes dans l’année ou horaires où elles consomment peu ? Des tarifs horosaisonnalisés peuvent alors être envisagés.
Pour pouvoir comparer les offres, il peut être utile de s’arroger les conseils d’un professionnel, courtier en énergie. « Ces contrats sont assez spécifiques et techniques, les conseillers spécialisés connaissent tous les fournisseurs et peuvent s’occuper de solliciter les différents devis et les comparer », explique Yannick Loubière dont le cabinet a orienté ses clients vers un professionnel de ce type, à qui il a lui-même eu recours.
La durée du contrat peut aussi être un élément de négociation. La question peut actuellement se poser de savoir s’il vaut mieux prendre un engagement de long terme avec des tarifs certes plutôt élevés mais connus à l’avance ou miser sur une amélioration prochaine de la situation sur le marché et garder les coudées franches pour modifier alors son contrat. « Si on a une proposition correcte qui rentre dans un prévisionnel avec un équilibre des prix, la prudence inciterait plutôt à l’accepter », conseille l’expert-comptable rappelant qu’il est difficile de prédire l’avenir.
Solliciter des aides
En attendant une amélioration, des aides ont été mises en place pour les entreprises. Les TPE de moins de 10 salariés, dont le chiffre d’affaires est inférieur à 2 millions d’euros et le compteur électrique d’une puissance inférieure à 36kVA sont ainsi couverte par un bouclier tarifaire, limitant le prix de leur électricité à 280 € le mégawattheure sur l’année. Pour en bénéficier, il faut en faire la demande auprès de son fournisseur d’électricité en remplissant une attestation sur l’honneur, disponible en ligne. « Cela doit permettre de limiter la hausse de l’électricité à 15 % à partir du 1er février », précise Yannick Loubière.
Pour les TPE ne remplissant pas les conditions d’application du bouclier tarifaire et les PME de moins de 250 salariés, une autre mesure est proposée : l’amortisseur électricité. Si le contrat de l’entreprise fixe un prix unitaire de la part énergie de 350 euros/MWh, l’Etat prend en charge une partie de la facture totale d’électricité (environ 20 %). Là encore, la demande se fait via l’envoi de l’attestation sur l’honneur directement à son fournisseur.
Un guichet d’aide est aussi proposé pour les entreprises consommant beaucoup d’énergie avec une simulation possible sur le site des impôts. Les experts-comptables peuvent aider les entreprises à déterminer les mesures auxquelles elles peuvent prétendre et à effectuer leur démarche. Le sujet risque en tout cas de demeurer sensible pour beaucoup de structures. « Ce sont des aides bienvenues mais on manque de recul pour savoir si cela suffira. Il risque quand même d’y avoir de la casse dans certains secteurs », prévient Yannick Loubière.