Si la compensation carbone peut contribuer à la neutralité carbone, cette démarche comporte des limites. Comment bien l’aborder ?
Pour lutter contre le changement climatique, réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) est une nécessité. La compensation carbone figure parmi les leviers que les particuliers, les collectivités ou les entreprises peuvent mobiliser pour tenter d’y parvenir. La démarche repose sur une idée simple.
« Le principe est que les émissions de GES produites ont le même effet sur le climat quel que soit le lieu où elles sont émises. Donc qu’on les réduise ici ou ailleurs, cela a le même effet pour la planète », résume Clément Tardy, expert-comptable chez Axens Audit, membre du groupement France Défi.
La compensation carbone désigne ainsi le fait, pour une entreprise ou un autre acteur, de compenser les émissions de GES de sa propre activité en menant ou en finançant par ailleurs des projets de réduction ou de séquestration de CO2. Il s’agit souvent de projets de plantation d’arbres de reforestation.
La compensation carbone est un démarche volontaire, rappelle Clément Tardy. Les entreprises peuvent la mettre en place pour améliorer leur bilan carbone et potentiellement répondre aux attentes d’investisseurs et de leurs parties prenantes.
Compensation carbone : un risque de greenwashing
Le principe comporte cependant plusieurs limites. « Jusqu’à 2018, et la mise en place du décret sur le label Bas Carbone en France, il n’y avait pas de réglementation sur le sujet », rappelle l’expert-comptable. Cela peut expliquer que les volumes de réduction d’émissions affichés par certains projets de compensation soient parfois jugés surestimés. « Le volume de GES évitées par rapport au coût des projets peut aussi être une limite », souligne Clément Tardy.
Certaines structures ont aussi pu voir leur démarche de compensation carbone taxée de greenwashing. « Des organismes ont parfois communiqué sur le fait qu’ils faisaient de la compensation carbone avec des plantations d’arbres, alors même qu’ils avaient une obligation de reboisement sur les parcelles concernées », illustre le spécialiste. De manière générale, la communication très appuyée sur des projets de compensation carbone lorsque la structure concernée ne s’efforce pas par ailleurs d’améliorer son bilan carbone peut faire peser le doute quant à sa réelle volonté d’agir sur le sujet.
Réduire d’abord ses émissions
Autrement dit, la compensation carbone est un outil intéressant, mais à utiliser plutôt après avoir agi à son niveau pour réduire les émissions liées à son activité. « On conseille de réaliser d’abord le bilan carbone de l’entreprise pour identifier les postes d’émissions clefs. Il y a ensuite de multiples solutions pour réduire ses émissions. La compensation va plutôt être intéressante pour compenser, ensuite, les émissions qui ne sont pas évitables par l’entreprise », recommande l’expert-comptable.
Le choix du projet mené ou financé est aussi important. La démarche aura d’autant plus de sens et sa valorisation sera d’autant plus facile qu’il est en lien avec l’activité de l’entreprise ou se tient localement. « De nombreux projets se montent actuellement en France avec le label Bas Carbone », souligne Clément Tardy. Le recours à des labels est aussi une manière de s’assurer du sérieux des projets et que leurs promesses en termes de GES compensées ne sont pas fantaisistes. Outre le label Bas Carbone français, on peut citer par exemple le Verified Carbon Standard, une norme de certification des réductions de carbone.