Développement du télétravail, incertitude économique liée à la crise sanitaire : le marché de l’immobilier d’entreprise tente de s’adapter au « jour d’après ».
Le marché de l’immobilier d’entreprise repart à la hausse. Sur le site spécialisé BureauxLocaux, le trafic, après une baisse notable durant le confinement, a connu une progression de 20 % en août, par rapport à la même période l’an dernier. «Jusque-là, les gens étaient en veille. En termes de prises de contact, nous retrouvons aujourd’hui les niveaux d’avant confinement », affirme Antoine Amant, le directeur du développement de BureauxLocaux, qui revendique 350 000 visiteurs mensuels.
Du côté des loyers des bureaux, une tendance à la baisse s’observe dans les grandes métropoles, à l’exception de Paris, Nantes et Lille, où ils restent stables. S’il est trop tôt pour tirer des conclusions sur les effets à long terme des derniers mois, selon Antoine Amant, « la crise est un catalyseur des tendances de fond observées auparavant : bien-être au travail, télétravail, baux flexibles… »
Marché de l’immobilier d’entreprise : le télétravail change la donne
La généralisation du télétravail – un salarié sur quatre était concerné en mai – a modifié les habitudes. Selon un sondage réalisé durant le confinement par la plateforme Bureaux à Partager, spécialisée dans la location de bureaux et d’espaces de coworking : 64 % des salariés envisageaient une adaptation de leur espace de travail dès la fin de la période. De plus, selon une étude de l’association nationale des DRH (ANDRH), 85 % d’entre eux envisageaient, fin juin, d’augmenter le nombre d’emplois éligibles au télétravail.
De quoi faire réfléchir les dirigeants quant à leur stratégie immobilière. « Le contexte post-Covid et l’émergence du télétravail conduisent les chefs d’entreprises à reconsidérer le coût de leurs locaux, qui représente le deuxième poste de dépenses après les salaires, rappelle Émilie Vialle, co-fondatrice de Snapkey, plateforme en ligne de transactions en immobilier commercial et d’entreprise. L’idée est d’optimiser les mètres carrés, en allant vers de plus petites surfaces. »
Les offres flexibles gagnent du terrain
Les entreprises cherchent également plus de souplesse. 45 % des agents spécialisés en immobilier d’entreprise estiment que les baux flexibles, la sous-location à bail dérogatoire (36 mois maximum) et les contrats de prestation de service vont se développer, selon une étude de BureauxLocaux.
« Depuis le déconfinement, de nombreuses entreprises engagées sur des baux 3/6/9 cherchent à optimiser leurs coûts. Elles proposent à d’autres sociétés de louer une partie de leurs locaux », note Cécile Peghaire, responsable communication de Bureaux à Partager. Sur la plateforme, le nombre d’annonces de bureaux flexibles a augmenté de 20 % en juin par rapport à février. En revanche, la crainte de la propagation du virus a conduit à une baisse de la demande de postes en coworking, en partie au profit des postes en « colocation d’entreprises ». Des postes 30 % moins chers, en région parisienne, selon Bureaux à Partager.
Marché de l’immobilier d’entreprise : cap sur les régions ?
Avec l’incertitude quant à l’avenir et la hausse du télétravail, ce mouvement vers plus de flexibilité devrait s’accélérer et favoriser les solutions de flex-office et d’offres de bureaux clés en main. Émilie Vialle constate une éclosion des « service managers ». « Les clients négocient du service. Les entreprises ne veulent plus uniquement des plateaux avec des mètres carrés. Elles espèrent un package avec des services mutualisés, du courrier à la panière de fruits, observe-t-elle. L’idée est de donner du sens au bureau et de le rendre plus sexy. Un endroit où l’on va créer et échanger. »
« Nous irons moins au bureau, mais mieux », confirme Antoine Amant. Cette tendance s’observe à Paris comme ailleurs sur le territoire. La décentralisation va-t-elle profiter de la crise et du développement du télétravail ? Bureaux à Partager constate, en tout cas, une évolution des recherches sur son site. Les requêtes concernant les bureaux hors de la capitale sont passées de « 10 % en février 2020 à plus de 25 % aujourd’hui », précise Cécile Peghaire. L’avenir dira si cela se confirme.