Le restructuring est une opération de gestion décidée par le dirigeant et consistant à réorganiser son entreprise. Décryptage.
« Il faut se réjouir d’une baisse des procédures collectives, note Vincent Moncorgé, directeur exécutif de MCG Opportunités, une société spécialisée dans les reprises d’entreprise en situation complexe. Les statistiques sont passées de 60 000 défaillances par an, il y a quatre ans, à environ 53 500 aujourd’hui. » Si les défaillances baissent, l’accompagnement des dirigeant y est peut-être pour quelque chose…
Le restructuring pour briser l’isolement des dirigeants
Se faire aider n’est plus un tabou. « Longtemps, ces difficultés étaient des choses dont on ne parlait pas, poursuit l’expert. L’échec, dans notre pays, est mal vu. Les dirigeants avaient donc tendance à opter pour la discrétion et à se replier sur eux-même, ce qui ne faisait qu’aggraver les choses. » Une communication réduite qui suscitait d’autant plus la défiance et leur faisait perdre du crédit auprès de leurs fournisseurs ou des organismes financiers. « Pour enrayer cette spirale, les tribunaux de commerce ont fait un travail de pédagogie très important pour rompre l’isolement des dirigeants en cas de difficulté. Aujourd’hui, une entreprise en difficulté qui se mobilise tôt a 50 % de plus de chances de pouvoir mettre en place un plan de sauvegarde qui permettra le remboursement de sa dette sur un maximum de dix ans. »
Concrètement, quel que soit le cabinet extérieur sollicité, le dirigeant bénéficie généralement d’un premier rendez-vous gratuit pour expliquer sa situation.
Pour notre part, nous commençons par rencontrer le dirigeant avec, si possible, quelqu’un qui s’occupe de la comptabilité ou de la gestion ou une personne de confiance de l’équipe pour qu’il ne soit pas seul. Il faut d’abord l’écouter, car le dirigeant s’est souvent refermé sur lui-même avant
Répondre aux questions cruciales grâce au restructuring
Il est souvent encouragé à se faire accompagner par ses experts-comptables et ses avocats dès que la situation devient critique. Ce premier échange est l’occasion de soulever trois questions délicates. Quelle est la situation – réelle – de la trésorerie de l’entreprise ? Que risque de perdre le dirigeant concrètement (comme sa maison) en dehors de l’entreprise ? Et surtout, où se verrait-il cinq ans plus tard ? Autrement dit, peut-être est-il arrivé au bout d’une aventure et mieux vaudrait-il passer la main…
Vincent Moncorgé compare volontiers le mandat du dirigeant au gouvernail d’un bateau : si le moral du capitaine n’y est plus, l’équipage le sentira et le bateau ne sombrera que plus vite. Cependant, s’il retrouve un cap, il pourra aussi embarquer ses équipes vers une nouvelle aventure, même si elle est difficile. « Une fois que le diagnostic est posé, nous présentons un panel d’options disponibles et on établit un choix de gestion. Cependant, le dirigeant ne doit pas voir le redressement judiciaire comme une punition. »
Communiquer avec ses équipes
Une fois que le dirigeant s’est approprié la décision choisie, il doit aussi aller à la rencontre de ses équipes. « Nous l’accompagnons dans cette étape cruciale car l’idée est d’être transparent et de redonner des perspectives à tous. En entrant dans une procédure, il faut embarquer le juridique ou la comptabilité pour établir le nouveau business plan que le chef d’entreprise ira défendre au tribunal de commerce. » Un dirigeant devra ainsi expliquer comment il espère récupérer de la trésorerie et restructurer l’organisation. Il évoquera avec franchise les coupes, sans doute nécessaires, dans les effectifs. « Mais l’urgence sera surtout de sauver ce qui peut l’être, avec un accompagnement et l’aide du plus grand nombre… »