L’évaluation des risques professionnels et leur prévention doivent intégrer les effets du réchauffement climatique.
Le réchauffement climatique affecte tous les aspects de la vie, y compris la santé au travail. Il fait en effet naître de nouveaux dangers pour les salariés et en accentue d’autres déjà existants. « Il est porteur de risques directs pour la santé des travailleurs mais aussi de risques indirects liés aux stratégies d’adaptation au changement climatique », pointe Jérôme Triolet, adjoint à la direction des applications de l’Institut national recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles (INRS).
Vagues de chaleur et risques biologiques
Parmi les conséquences les plus évidents du phénomène figurent l’augmentation des températures et la multiplication des phénomènes météorologiques extrêmes dont les vagues de chaleur. Fatigue, crampes, déshydratation, leurs effets ne doivent pas être négligés.
Le risque le plus grave est le coup de chaleur. Il s’agit d’une urgence absolue. 15 à 25 % d’entre eux sont mortels.
Les risques biologiques peuvent également être aggravés par la chaleur et l’humidité, qui favorisent le développement de moisissures et de bactéries, par exemple dans le traitement de déchets.
Technologies décarbonées, innovation, dans l’industrie, la construction, les efforts d’adaptation et les évolutions des métiers pour lutter contre le réchauffement climatique sont également porteurs de risques. « Ces technologies ne sont pas forcément stabilisées et les risques professionnels ne sont pas non plus toujours complètement maîtrisés », souligne Jérôme Triolet.
Dans un avis rendu en avril dernier, le Conseil économique social et environnemental s’est penché sur les solutions pour relever les défis des dérèglements climatiques en matière de santé au travail. Création d’un fonds de recherche et de prévention sur le sujet, intégration de cette thématique dans les sujets de consultation obligatoire des CSE, formations pour les employeurs, les salariés et leurs représentants, 17 propositions sont ainsi formulées.
Réchauffement climatique : l’évaluation des risques sur la santé
D’ores-et-déjà, les entreprises peuvent s’emparer du sujet en mettant notamment à jour leur document unique d’évaluation des risques professionnels (DUERP). « L’évaluation des risques doit intégrer ces problématiques. Il faut identifier les postes les plus exposés et voir comment l’organisation du travail peut atténuer ou aggraver ces risques, », conseille Jérôme Triolet.
Bien sûr, certains secteurs et métiers sont plus touchés que d’autres par les effets du réchauffement climatique. Mais la question mérite d’être posée partout. Les vagues de chaleur par exemple, parce qu’elles éprouvent les organismes et peuvent perturber la récupération à cause de nuits trop chaudes, peuvent altérer la vigilance des salariés, y compris lorsqu’ils travaillent pourtant dans un cadre plutôt protégé.
Une fois le diagnostic posé, il faut prévoir un plan de prévention et anticiper les actions à mettre en place lorsque le risque se produit. « En cas de vague de chaleur, on peut prévoir des locaux rafraîchis ou des espaces ombragés sur les chantiers en extérieur, afin que les salariés puissent récupérer, s’assurer de disposer d’eau potable, adapter l’activité en travaillant aux heures les moins chaudes, permettre aux salariés d’augmenter la fréquence et la durée de leurs pauses », énumère le spécialiste de l’INRS.
Rappeler aux collaborateurs ce que sont les signes d’un coup de chaleur et privilégier le travail en équipe peut aussi leur permettre de veiller les uns sur les autres. « Et si l’employeur considère que ses salariés sont en danger, il ne doit pas hésiter à faire cesser le travail, cela relève de sa responsabilité », prévient Jérôme Triolet.