La sortie de crise semble enclenchée mais pour pouvoir réagir en cas de difficultés, les chefs d’entreprises doivent anticiper les évolutions de leur trésorerie sur les prochains mois.
Pour les entreprises, la levée progressive des restrictions sanitaires et la reprise de l’activité ne signifient pas que l’orage est passé. Prêt garanti par l’État (PGE), report de charges sociales et fiscales ou des loyers, beaucoup ont accumulé des dettes ces derniers mois ou consommé les fonds propres dont elles disposaient avant la crise. « D’une certaine façon, tout le monde est actuellement en apnée alors que les échéances de remboursement vont bientôt commencer à tomber », illustre Frédéric Tritz, expert-comptable au sein du cabinet Franiatte, membre du groupement France Défi.
La sortie de crise risque donc d’être difficile et, pour les dirigeants, la vigilance est de rigueur. Il importe de bien connaître la situation de son entreprise et de suivre son évolution afin de pouvoir réagir dès les premiers signes de difficultés. Mandat ad hoc, conciliation, procédure de redressement judiciaire, des outils existent pour aider les entreprises fragilisées. Mais leurs chances de succès sont d’autant plus grandes que l’on y recourt tôt. D’où l’importance d’identifier vite les problèmes. « L’idée est de pouvoir mobiliser les procédures existantes avant qu’il ne soit trop tard », résume Frédéric Tritz.
Analyser la trésorerie
« Le plus crucial pour les mois à venir est d’analyser le cash de l’entreprise, de s’intéresser à la trésorerie plus qu’au compte de résultat », souligne l’expert-comptable. Son conseil : faire un prévisionnel avec les échéances de remboursement auprès des différents organismes et s’interroger sur la possibilité pour l’entreprise d’y faire face en fonction de sa capacité d’autofinancement prévisionnelle. L’incertitude étant encore élevée pour les prochains mois, mieux vaut, pour la calculer, tabler sur des hypothèses d’activité pessimistes.
Concernant les échéances, pour beaucoup d’entreprises, le PGE devra commencer à être rembourser au printemps prochain, pour le moment sur quatre ans. S’agissant des dettes sociales, certaines ont obtenu des reports de 24 mois.
L’idée est de voir si l’on arrive à établir un de plan de continuation à partir des échéanciers que l’on réussit à obtenir seul ou, ce qu’il en serait avec un étalement sur dix ans, que l’on pourrait obtenir avec l’appui du tribunal dans le cadre d’une procédure collective
Sortie de crise : savoir percevoir les signes non-chiffrés de difficultés
Les dirigeants d’entreprises peuvent s’appuyer sur leur expert-comptable pour effectuer cette analyse. Même sans rentrer dans l’analyse des chiffres, certains éléments constituent de bons indicateurs de la situation de l’entreprise et mérite d’être surveillés. « Les relations qu’elle a avec ses partenaires sont des signaux qui peuvent mettre la puce à l’oreille du dirigeant sur l’émergence de difficultés », souligne l’expert-comptable.
Le refus de la banque d’accorder de nouvelles lignes de crédits ou de payer des chèques constitue par exemple une alerte forte. « Des fournisseurs qui refusent de la fournir au-delà d’un certain seuil d’impayés, cela peut être le début d’un engrenage difficile où l’entreprise va devoir aller récupérer de plus en plus d’acomptes auprès de ses clients. Cela signifie qu’il faut commencer à se poser des questions », complète Frédéric Tritz.
Même si l’activité reprend, et pour certains fortement, tous ne pourront pas forcément faire face aux dettes contractées ces-derniers mois et aux échéances, parfois courtes, de remboursement prévues. L’important est de se donner les moyens de demander de l’aide quand il en est encore temps.