L’affaire Panama Papers a encore une fois révélé les failles de notre système. S’évader semble toujours chose aisée pour certains. Il suffirait d’un filon, d’un contact, pour obtenir les plans d’accès à l’Eldorado fiscal. Mais comment ces complices peuvent-ils ainsi faire fi des murs de procédures et contrôles érigés par les autorités ?
Essayez simplement de faire un gros virement, vous serez immédiatement tenu d’en justifier la raison… En tant qu’entrepreneur, toute pratique inhabituelle déclenchera une demande d’explication de votre expert-comptable ou de votre commissaire aux comptes. Ces derniers s’exposent en effet, tout comme vous, à de lourdes sanctions personnelles et professionnelles s’il advenait que leur responsabilité soit engagée dans une affaire de fraude ou de blanchiment. D’autant que la réglementation s’avère toujours plus sévère et exigeante d’année en année, renforçant les motifs d’information à TRACFIN (la cellule de Bercy chargée du traitement du renseignement et action contre les circuits financiers clandestins).
Alors comment un tel scandale est-il encore possible ? Peut-être parce que les filets déployés ne piègent que le menu fretin. Les gros poissons et requins blancs passent entre les mailles du filet, ou bien sous les filets… Qui oserait demander des explications à un P-DG de multinationale ? Et s’il le faisait, oserait-il remettre en cause ses dires?
Panama Papers montre qu’il y a toujours deux poids, deux mesures…
Regardons les choses autrement… Quel est le risque pris par un banquier qui laisse faire ? Et quel est celui qu’il encourt vis-à-vis de son client, pire de sa hiérarchie, s’il fait obstacle à la demande d’un puissant ? Comparez d’ailleurs le traitement judiciaire réservé aux intermédiaires impliqués dans Panama Papers à celui appliqué aux lanceurs d’alertes…
Dès lors, comment empêcher les grands prédateurs de nager en eaux profondes pour atteindre ces îles paradisiaques, si ce n’est en supprimant leurs atouts de séduction fiscale ? Seuls les chefs d’Etat en ont le pouvoir, mais ne sont-ils pas retenus par certains intérêts « diplomatiques » ? Gageons que la voix des citoyens sache les convaincre. Selon une étude récente, soumettre les capitaux évadés à une taxe de 1% rapporterait plus de 130 milliards de dollars par an, l’équivalent du budget de l’aide mondiale au développement. Quel potentiel !